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ACAPULCO – Un documentaire sur le paradis perdu mexicain

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 28 novembre 2013, mis à jour le 30 novembre 2013

 

La fameuse cité balnéaire prisée par les stars d'Hollywood des années 50 a perdu de sa superbe. Entre nostalgie d'antan et réalisme d'aujourd'hui, Acapulco se dévoile dans le documentaire de Ludovic Bonleux, Acuérdate de Acapulco. Récemment récompensé lors du Festival de la Mémoire de Cuernavaca, il sera diffusé ce week-end à Acapulco. Entretien.


Lepetitjournal.com : Que peut-on dire de l'évolution de cette ville ?

Ludovic Bonleux : On peut discerner trois grandes périodes dans l'histoire touristique d'Acapulco. Des années 30 au milieu des années 50, le petit port d'Acapulco devient le lieu de villégiature de la classe mexicaine aisée et aussi des stars d'Hollywood. C'est à cette époque que sont tournés de nombreux films de l'âge d'or du cinéma mexicain. La ville est considérée alors comme une sorte de lieu paradisiaque et glamour et acquiert ses lettres de noblesse.

Ensuite, du milieu des années 50 jusqu'aux années 2000, le tourisme de masse s'affirme avec une grosse urbanisation. Dans un certain sens, c'est la démocratisation du tourisme. Même les habitants les plus pauvres de Mexico voulaient aller à Acapulco.

Enfin la période récente, qui court depuis 2006 jusqu'à aujourd'hui, est marquée par une grande violence due à la lutte de pouvoir entre les cartels de la drogue. Par conséquence, beaucoup d'habitants préfèrent quitter la ville et la plupart des étrangers ne vont plus à Acapulco. En revanche, les touristes mexicains continuent d'y aller surtout lors de la Semaine Sainte.

Ludovic Bonleux
Pourquoi avoir voulu faire un documentaire sur Acapulco ?

Cela fait 11 ans que je travaille dans le Guerrero sur des projets documentaires, notamment sur la violence politique. Je me suis donc souvent rendu à Acapulco et cela a totalement changé l'image que j'avais de ce paradis doré.

J'ai alors eu envie d'explorer cette relation entre l'image "touristique" qu'une ville peut donner à l'extérieur et la réalité. Et comme je conçois toujours mes projets par rapport à l'histoire, j'ai voulu travailler sur l'évolution de l'image de la ville en elle-même.

Le premier constat de ce documentaire est que Acapulco est un paradis perdu. Mais j'essaie aussi de démontrer que pour certaines personnes, cela ne l'a jamais été. Je montre ainsi le massacre des producteurs de coco en 1967 et la construction du luxueux complexe hôtelier Punta Diamante sur les restes de fosses communes.

 

(photo Romain Thieriot)

 

Ludovic Bonleux, documentariste

1974 : Naissance à Arcachon

Années 90 : Etudes d'histoire à Bordeaux et participation à la scène alternative Rock and Roll

1998 : Première venue au Mexique

2003 : Guerrero, reportage photo dans l'Etat de Guerrero

2008 : El crimen de Zacarias Barrientos, film documentaire, co-production TV française

2012 : US Caravana, Web documentaire sur la caravane pour la Paix aux Etats-Unis, pour Courrier International et Carmen Aristegui Noticias

2013 : Acuérdate de Acapulco, film documentaire

En quoi les personnages sont-ils représentatifs de la ville ?

Ce documentaire, à travers ses personnages, est aussi une critique de la société du spectacle car Acapulco s'est entièrement dédiée à cette industrie, au tourisme et au cinéma. Le premier personnage de mon film est un journaliste-photographe de la Jornada qui vit en constante relation avec l'image. J'ai suivi aussi un jeune homme qui, tous les ans, représente le Christ lors d'une procession le Vendredi Saint. Cet acte religieux est un événement spectaculaire et touristique à Acapulco puisqu'il correspond au jour de plus grande affluence sur le port. Autre personnalité originale, l'ancien maire d'Acapulco qui est aussi directeur de journal, producteur, acteur et chanteur.

J'ai également filmé une femme qui travaille dans le milieu de la nuit. Cela permet de comprendre les difficultés d'être une mère à Acapulco. Dans ces bars de nuit, on assiste au divertissement mais aussi à la violence des narcos qui est très spectaculaire.

Mon dernier personnage est un peu en dehors de cet univers. C'est un ancien plongeur sous-marin tombé amoureux de la ville dans les années 50 et qui a observé l'évolution de la baie. Sans oublier bien sûr María Félix que l'on retrouve à travers les extraits du film de Doña Diabla en partie tourné à Acapulco. Elle y joue une femme, sans cesse trompée par des hommes, qui lutte pour nourrir ses enfants. C'est une allégorie d'Acapulco.

Quel est le message de ce documentaire ?

Tous ces personnages nous montrent un côté corrosif d'Acapulco, assez sombre, mais pour autant ils ne quitteront jamais leur ville. Ils aiment cet endroit et gardent quand même espoir. C'est aussi ma vision du Mexique. Malgré les problèmes du pays, les gens essaient d'y survivre coûte que coûte, parfois en s'habituant à la réalité, à la violence. Dans ce sens, Acapulco est un symbole du Mexique.

 


Acuérdate de Acapulco
(Souviens-toi d'Acapulco, 2013), de Ludovic Bonleux. Documentaire de 82'.

Samedi 30 novembre, au fuerte de San Diego d'Acapulco à 16h30. Entrée libre contre des vivres pour les communautés sinistrées par les tempêtes de septembre.

Dimanche 1er décembre, projection publique à 19h sur le Zócalo d'Acapulco.

Plus d'infos ici : http://acuerdatedeacapulco-film.com/

 

Jean-Marie Legaud et Tristan Delamotte (Lepetitjournal.com/mexico) Vendredi 29 novembre 2013

 

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 28 novembre 2013, mis à jour le 30 novembre 2013

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