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HISTORIQUE - Les projets de macro-complexes de loisirs qui tombent à l'eau

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Offrir dans un même lieu des activités de divertissements variées est un gage d'attractivité pour une ville. Ces dernières années, la Communauté de Madrid a connu différents projets de macro-complexes, notamment par son fort attrait et potentiel touristique. Toutefois, ils n'ont jamais vu le jour et ont, dans la majorité des cas, tous étaient abandonnés en cours de négociations. Retour sur ces projets et sur les raisons de leur échec. 

(photo CC BY-SA 3.0) La nouvelle est tombée en début de semaine : le nouveau macro-complexe de loisirs Live! Resorts Madrid n'ouvrira finalement jamais ses portes dans la capitale espagnole. Pourtant, les négociations entre les deux parties semblaient en bonne voie, d'autant plus que la présidente de la Communauté de Madrid, Cristina Cifuentes, avait salué le projet et le trouvait très intéressant pour la communauté autonome. Impulsé par le groupe américain The Corbish Compagnies, le projet devait entraîner un investissement de 2,2 milliards d'euros et devenir l'une des références dans le milieu du divertissement en Europe. D'après les plans, le complexe, situé à Torres de la Alameda, devait contenir des hôtels (2.700 chambres au départ, pouvant atteindre les 4.000 à terme), des restaurants, plus de 400 boutiques réparties sur une surface de 10.000 mètres carrés, des espaces de divertissements (16 salles de cinéma, un théâtre sur le thème de Broadway et même son propre cirque), des espaces dédiés aux congrès et aux réunions (270.000 mètres carrés) ainsi que des bureaux (45.000 mètres carrés), en plus d'un espace de soins (spas, piscines). Madrid avait été choisie pour sa forte attractivité touristique (11 millions de visiteurs par an) ainsi que pour sa renommée internationale. D'après les estimations, ce macro-complexe aurait pu attirer 5 millions de visiteurs par an à ses débuts, ainsi qu'1,6 millions de touristes supplémentaires à la capitale espagnole. Toutefois, malgré la mise en marche des démarches (notamment l'achat des terrains), les négociations avec la Communauté de Madrid ont été interrompues. Cette dernière a invoqué comme motif l'absence de certitude quant à la viabilité économique du projet. En effet, seulement la première phase de construction était assurée, les autres restant conditionnées à une "demande suffisante". Très concrètement, cela ne concernait que la construction d'un hôtel de 500 chambres, d'une zone commerciale, d'une aire de jeux, d'un espace destiné aux congrès et d'un parking, remettant en cause le caractère multisectoriel du projet et donc son appartenance à la catégorie des "centres intégrés de développement". Ce sont également des aspects financiers qui sont à l'origine du capotage du projet, la Communauté de Madrid devant finalement avoir à charge une partie des infrastructures de connexions entre le complexe et la ville, chose difficile dans le contexte économique actuel.

EuroVegas, l'abandon du complexe de jeux 
Live Resorts Madrid n'est pas le premier des projets de complexe deloisirs à être abandonné. En effet, le projet EuroVegas du millionnaire Sheldon Adelson est lui aussi tombé à l'eau. Ce propriétaire de l'entreprise Las Vegas Sands voulait ouvrir un grand site de tourisme et de divertissements en Europe en prenant pour modèles ceux de Las Vegas ou encore de Singapour, notamment l'offre de jeux d'argent et de hasard avec la construction de six casinos. En parallèle, l'offre devait s'accompagner d'hôtels gigantesques, d'espaces dédiés aux congrès ou encore d'installations sportives. En décembre 2013, le projet a été abandonné pour cause de mésententes entre Las Vegas Sands et le gouvernement de la Communauté de Madrid, notamment aux sujets des demandes de l'entreprise. Cette dernière a en effet demandé la modification de certains points juridiques et politiques pour la réalisation de ce complexe : forte baisse de l'impôt sur le jeu, exemption pendant deux ans des versements de la Sécurité Sociale à tous les employés du complexe, expropriations à charge de l'État espagnol si elles étaient nécessaires, mais surtout une indemnisation en cas de changement normatif qui pourrait altérer ses bénéfices. C'est notamment sur ce point que la Communauté de Madrid a refusé la mise en place du projet dans la mesure où cela s'oppose au droit communautaire en tant que distorsion à la libre concurrence. À cela se sont ajoutées des problématiques d'argent et notamment l'endettement de l'entreprise, qui a finalement préféré se tourner vers l'Asie pour bâtir son macro-complexe, terrain plus favorable à cette implantation.

La faillite de l'EuroVegas chinois
En juillet 2014, le millionnaire chinois Wang Jianlin a entrepris des négociations avec la Communauté de Madrid pour construire un site comprenant des espaces de restauration, des centres commerciaux et des hôtels, pour un investissement estimé aux alentours de 7 milliards d'euros. Les contacts se sont fait progressivement entre les deux parties afin d'arriver à un accord, notamment sur la zone de construction. C'est finalement le quartier Campamento qui a été choisi, notamment pour sa situation géographique puisqu'il se trouve à côté de l'autoroute d'Estrémadure A-5 et à seulement 8 kilomètres de la Puerta del Sol. Toutefois, les négociations ont été compliquées notamment avec l'instabilité politique à Madrid (élections municipales et changement de maire entre Ignacio González et Manuela Carmena), empêchant d'avoir un véritable interlocuteur. D'autre part, une fois Manuela Carmena investie en tant que maire de la ville, le problème s'est déplacé au sujet du terrain de construction du complexe. La nouvelle maire avait en effet qualifié le quartier de Campamento de "quartier maltraité" et demandait expressément au promoteur chinois de revoir le projet, en accord avec son plan urbanistique. De ce fait, le projet est tombé à l'eau en 2016 et le millionnaire chinois s'est tourné vers la France et Paris pour y construire Europa City, devant générer 20.000 emplois durant son élaboration, puis 14.000 lors de l'ouverture pour un investissement de 3 milliards d'euros.

Des différences dans les projets mais un destin identique
Bien que les différents projets de macro-complexes aient tenté d'apprendre des erreurs de leurs prédécesseurs pour ne pas être abandonnés, on s'aperçoit que la finalité est la même. En effet, l'un des reproches formulés à EuroVegas a été de faire prévaloir les jeux de hasard et d'argent sur le reste des divertissements. En ce sens, Live! Resorts Madrid s'est présenté sous le modèle californien (plus de loisirs que de jeux) ne comptant que 5-10% de son offre dans les jeux d'argent. De son côté, le projet chinois a complètement mis de côté ce type d'offre. De même, alors que les demandes à la Communauté de Madrid avaient été excessives dans le projet EuroVegas, les autres ont essayé de ne demander que des investissements minimes à la communauté autonome, en écartant les demandes de changements dans la législation espagnole ou les demandes de subventions. Toutefois, il s'avère que chacun des projets a finalement été abandonné, dans la majorité des cas pour des mésententes entre les parties ou encore des problématiques financières et de viabilité de l'activité économique développée.

Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 30 mars 2017
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Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018