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DIALOGO - Regards croisés sur les systèmes éducatifs français et espagnols

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 4 décembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

La semaine dernière, l'association d'amitié franco-espagnole Diálogo a réuni des spécialistes de l'éducation et de l'écriture pour tenter d'analyser les défaillances des systèmes éducatifs français et espagnol, et surtout de déterminer s'ils nécessitent des réformes ou une véritable transformation.

La tribune organisée par l'association Diálogo réunissait Jean-Paul Delahaye, inspecteur général honoraire de l'éducation nationale française, et l'écrivain et philosophe José Antonio Marina. Le débat était animé par la journaliste Montserrat Domínguez. Tant Jean-Paul Delahaye comme José Antonio Marina ont coïncidé sur le fait que l'origine socio-économique de l'élève est un facteur clé de l'échec scolaire, et sur le fait que les systèmes éducatifs français et espagnols nécessitent tous deux des réformes pour promouvoir une plus grande égalité entre les élèves. 

Des systèmes éducatifs "médiocres" 
La rencontre a mis en avant le fait que la France comme l'Espagne possèdent des systèmes éducatifs parmi les plus mauvais de l'OCDE. La France se situe en position vingt-cinq sur soixante-quatre pays, tandis que la péninsule ibérique est classée en trente-quatrième position. Le budget français dédié à l'éducation représente 6,2% du PIB national, et 4,2% en Espagne. 

Des budgets et des formations
Comme l'a expliqué M. Delahaye, les budgets ont historiquement été mal repartis en France : l'investissement a toujours été plus important pour le baccalauréat que pour l'école primaire. L'inspecteur considère qu'il s'agit d'une erreur, puisque c'est lors de l'école primaire que se forgent les bases de l'éducation pour l'avenir, et c'est donc sur ce cycle éducatif qu'il faut agir pour réduire les inégalités. "Notre système éducatif n'a pas été conçu pour que réussissent tous les élèves, mais pour sélectionner les meilleurs", a-t-il affirmé. 
Pour l'Espagne, M. Marina assure qu'il faudrait dédier 5% du PIB espagnol pour obtenir un système éducatif de haut rendement sur une période de cinq ans. Il explique qu'il faudrait pour cela réduire les différences entre bons et mauvais élèves, apporter plus de soutien aux élèves avec des besoins spécifiques, et réduire le décrochage scolaire de 10%.
Les conférenciers ont également souligné la nécessité de fournir une bonne formation aux enseignants. En France comme en Espagne, les professeurs sont des employés de la fonction publique, afin de garantir l'indépendance de l'éducation. Delahaye a souligné l'importance, pour les enseignants, d'actualiser en permanence leurs connaissances. La France a créé pour cela un corps d'inspecteurs de l'éducation qui vérifient le travail réalisé dans les écoles. Pour l'Espagne en revanche, Marina a indiqué la nécessité de diffuser des formations de qualités aux futurs enseignants, avec notamment une formation qui continue à l'intérieur des salles de cours. 

Le poids de la religion
Les participants à la tribune se sont aussi penchés sur le rôle que peut jouer la religion sur les deux systèmes éducatifs. Si en France, la séparation de l'école et de l'Église est intervenue dès 1882, Marina a expliqué qu'en Espagne, "l'éducation est très nourrie d'une idéologie religieuse depuis le XIXème siècle". En France la religion est enseignée, mais uniquement comme un apport culturel, jamais comme une matière évaluable. En Espagne en revanche, même si la loi dit explicitement que la religion ne doit pas être une matière confessionnelle à l'école, il existerait actuellement un véritable débat sur la présence de la religion comme matière évaluable dans les programmes. 

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 5 décembre 2016
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Publié le 4 décembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

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