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BULLYING – L'Espagne face au harcèlement à l'école

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 15 mars 2016, mis à jour le 10 janvier 2024

Le rapport Yo a eso no juego de l'association Save the children révèle qu'un enfant sur dix est victime de violence physique, verbale ou psychologique à l'école en Espagne. Un tiers des enfants interrogés ont reconnu avoir porté atteinte physiquement à un camarade de classe. L'enjeu pour les éducateurs et les parents est de déceler au plus tôt les situations à risque et les élèves les plus vulnérables.

Coups, insultes, humiliations publiques et même menaces de mort s'inscrivent dans le quotidien scolaire de 193.000 enfants en Espagne selon l'étude qui révèle des témoignages bouleversants d'enfants malmenés par leurs camarades de classe. Les enfants sont parfois cruels entre eux, bien qu'ils n'imaginent pas les conséquences dramatiques de leurs actes. Certains sont pris à partie pour leur physique, leur orientation sexuelle ou tout simplement choisis comme cible aléatoire par les autres. Les enfants interrogés assurent voir ces actes comme une blague, mais les victimes, elles, mettent souvent plusieurs années à se remettre de leurs traumatismes. Parfois, les enfants harcelés en arrivent à avoir des comportements suicidaires. Le cas de Diego, qui a mis fin à ses jours à Madrid en octobre dernier à tout juste 11 ans, a ravivé le débat. L'enfant avait laissé une lettre où il expliquait à ses parents les agressions qu'il subissait à l'école.

Des mesures de l'État en cours d'élaboration
Le ministère de l'Éducation, de la Culture et du Sport est en train de préparer un "plan stratégique de cohabitation scolaire", en collaboration avec les représentants des communautés autonomes. Le projet liste une série de mesures qui permettront de prévenir le harcèlement scolaire. Un guide sera mis en place pour les familles, afin d'apprendre aux parents à déceler les cas problématiques et à savoir réagir si son enfant est victime. Entre autres mesures, un "protocole de cohabitation scolaire" permettra au corps enseignant de prévenir les cas de harcèlement scolaire en amont et de réagir de la bonne manière lorsqu'une situation se présente. De plus, un numéro de téléphone officiel d'écoute pour les victimes de harcèlement scolaire va être mis en place. Ce service gratuit, disponible 365 jours par an, permettra aux enfants d'être écoutés en toute discrétion par des experts psychologues, des avocats ou des travailleurs scolaires. Toutes ces mesures actuellement discutées devraient rentrer en phase d'application d'ici la fin de l'année.

Le cyberbullying, la dérive moderne
La notion de cyberbullying révèle un inquiétant phénomène avec l'utilisation des nouvelles technologies. Selon l'enquête de Save the children, 60% des enfants interrogés affirment avoir été insultés et pour un tiers d'entre eux, les humiliations se sont faites sur les réseaux sociaux. Sur Internet, les attaques sont plus violentes, plus dénigrantes, et s'appuient parfois sur des photos ou vidéos des victimes. Un phénomène grandissant sur lequel, malheureusement, le contrôle parental n'a aucun effet. Les chercheurs de l'Université d'Oviedo, dans une enquête sur le cyber-harcèlement des enfants, révèle que le contrôle exercé par les parents sur les appareils mobiles des enfants est inefficace pour lutter contre le cyberbullying car ces derniers y accèdent via d'autres terminaux, en dehors chez eux.

Des mesures spéciales pour les enfants transgenres
Les enfants choisis comme victimes le sont souvent pour leurs différences, et dans cet aspect les enfants transgenres sont souvent des cibles de choix. L'Espagne prend très au sérieux la détresse de ces enfants "emprisonnés" dans le corps d'un enfant du sexe opposé. Le chemin pour trouver sa place jusqu'à la vie adulte est souvent long et difficile pour ces jeunes, et il faut savoir les préserver des agressions et du harcèlement dont ils peuvent être victimes dès leur plus tendre âge en raison de leur condition particulière. La Catalogne est encore sous le choc du suicide le 24 décembre dernier de Alan, un jeune de 17 ans qui a mis fin à ses jours car il ne supportait plus la pression quotidienne vécue à cause de sa situation de transsexuel. Selon les associations de soutien aux familles d'enfants transgenres, l'administration n'était pas préparée pour accompagner son cas. Le gouvernement catalan a décidé d'agir et les députés viennent de voter "l'élaboration et la mise en place d'un protocole concret afin de gérer les cas d'enfants transgenres à l'école". Le projet permettra la détection des cas de harcèlement et une gestion du problème à travers un dialogue avec les victimes, les agresseurs, leurs familles, mais aussi une préparation des professeurs qui ne savent pas toujours comment réagir face à ces enfants, lorsqu'il faut leur indiquer des toilettes ou un vestiaire à utiliser, au lorsqu'il faut choisir de les appeler par un nom masculin ou féminin par exemple.

En attendant la mise en place du numéro d'aide de l'Etat, voici des associations qui fournissent information et soutien aux victimes de bullying et à leurs familles :
No al acoso : http://www.noalacoso.org
Association espagnole de lutte contre le harcèlement scolaire : http://www.acoso-escolar.es
Save the children 
Voir aussi l'application Stop-it, pour signaler les cas de harcèlement : http://stopitcyberbully.com

Rapport Yo a eso no juego, disponible ici.

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 16 mars 2016
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Publié le 15 mars 2016, mis à jour le 10 janvier 2024