Créée en 2011 par Céline Lis-Raoux et Céline Dupré, Rose est une association loi 1901. Son objectif est de soutenir les femmes atteintes de cancer en publiant un magazine féminin de qualité. En véhiculant un message positif et différent de ce que l'on pouvait trouver auparavant, le magazine offre la possibilité à ses lectrices de retrouver les plaisirs de la féminité tout en s'informant sur des sujets en lien, ou pas, avec la maladie. Un beau concept que Carine Malaussena a voulu importer au Royaume Uni. Nous l'avons rencontrée pour en savoir plus.
Au départ, deux femmes, deux Céline
Diplômée de Sciences Po Paris et de l'école de Journalisme de Lille, Céline Lis-Raoux travaille en tant que chef de service de l'Express Style jusqu'en 2009. En 2008, à l'âge de 31ans, on lui diagnostique un cancer du sein. Pendant son traitement, elle passe la plupart de son temps à chercher comment l'information pourrait être mieux partagée et communiquée entre les femmes atteintes d'un cancer. Céline Dupré est quant à elle, experte en communication médicale et directrice associée de Comm Santé, agence spécialisée dans l'accompagnement des grandes causes de santé publique.
Une fois guérie, Céline Lis-Raoux imagine le magazine qu'elle aurait aimé lire lorsqu'elle était malade. En associant leurs compétences et en mobilisant des partenaires, les deux femmes créent en 2011 Rose Magazine, un magazine gratuit, distribué aux femmes atteintes d'un cancer. Chaque année, deux numéros sont publiés. Environ 200 000 exemplaires sont imprimés pour chaque parution. Le site internet est également disponible et très actif. Il permet de créer un lien social pour des femmes qui se retrouvent parfois isolées par la maladie. L'association Rose n'est pas subventionnée par l'Etat. Chaque numéro s'autofinance grâce à une équipe qui travaille dur et recherche constamment des fonds. C'est grâce aux dons que le magazine peut être conçu, édité et distribué gratuitement à ses lectrices. Le groupe Bayard accueille la rédaction dans ses bureaux et met son matériel à la disposition de l'association.
Sur les couvertures, des visages de femmes malades, belles et fortes, des gros plans, des foulards, des crânes nus ou encore une reprise de La liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, sur laquelle une femme ayant subi une ablation du sein remplace Marianne. Le but n'est pas de choquer ou de montrer les pires aspects de la maladie. Au contraire. Rose magazine veut changer le regard que nous portons sur le cancer. Il existe, nous ne pouvons pas le cacher ou en faire un tabou. Avec des accroches que l'on ne verrait pas ailleurs comme par exemple "Se régaler à l'hosto ? chiche !", le message se veut positif. Pendant le traitement, les femmes peuvent vivre. Ce n'est pas parce que nous sommes malades que nous ne pouvons pas être belles, coquettes, que nous ne pouvons pas plaire. L'idée est de permettre à ces femmes de trouver des réponses à leurs questions concernant les aspects extérieurs et relationnels de la maladie. Mode, sexualité, sport, séances photos, nutrition, beauté, emploi, voilà des thèmes qui viennent s'ajouter ou se lier aux rubriques consacrées à la maladie en elle-même. Rose Magazine, c'est également l'occasion de s'échapper en lisant des reportages sur des sorties, des voyages etc. Tout est fait pour que la lectrice prenne du plaisir à ouvrir un magazine positif, beau et de qualité. "Dès sa genèse, le propos de Rose était iconoclaste : ne pas parler de la maladie mais parler aux femmes malades. Leur parler comme à des femmes, grâce aux codes d'un magazine féminin haut-de-gamme" écrit Céline Lis-Raoux.
(Céline LR, Carine M, Céline D)
En plus de proposer un magazine, l'association étudie et développe des actions de soutien et de service pour les lectrices. Grâce à son site internet actualisé en permanence, elle a mis en place la pétition "Monsieur le président, n'oubliez pas le droit à l'oubli". Cette dernière a pour objectif de réclamer un réengagement fort de la part du Président de la République qui avait annoncé le 4 février 2014 le Plan Cancer 3. Le droit à l'oubli, mesure essentielle du plan, permet aux personnes guéries de pouvoir repartir de zéro en étant considérées comme n'importe quelle autre personne. Elles peuvent ainsi emprunter de l'argent, et développer des projets, sans être empêchées par l'étiquette "malade". Autre action forte menée par l'association, la mise en place de Job-dating. Le premier a eu lieu en octobre. Il a permis à des malades inscrites sur la plateforme Rosemploi du site internet, de rencontrer dix DRH de grandes entreprises. Une opération pour la réinsertion qui sera renouvelée. D'autres actions sont menées comme le soutien scolaire des enfants de femmes en traitement, des cours de sports etc. Le prix Rose de l'entrepreneuse 2014 est également organisé. L'appel à candidature s'adresse aux femmes ayant créé leur entreprise après leur cancer. La gagnante sera récompensée par une dotation de 5000?. Ce prix soutient et salue l'initiative et le courage de ces entrepreneuses. Grâce à son magazine et ses actions Rose apporte une aide concrète aux femmes atteintes ou guéries d'un cancer.
(Carine Malaussena)
Carine Malaussena habite Londres depuis 3ans. Avant son départ, à 36ans, elle est atteinte d'un cancer du sein. Une fois guérie, à son arrivée dans la capitale britannique, la jeune femme veut travailler pour une charity. Elle s'investit d?abord dans une association qui construit des cinémas dans les hôpitaux. "Rapidement, j'ai voulu faire quelque chose plus en rapport avec le cancer. Comme pour rendre ce que l'on m'avait donné. A cette époque j'ai découvert Rose et j'ai trouvé le support magnifique. En parallèle j'ai décidé de monter ma propre société de bonnets, turbans, pour les femmes qui ont perdu leurs cheveux, justement parce que quand j'étais malade, je ne trouvais pas ce que je recherchais". Elle crée alors SoWomen. L'objectif que s'est fixé Carine est d'aider les femmes à garder leur féminité malgré la perte de leurs cheveux en leur proposant des accessoires à la mode. Sa philosophie se rapprochant de celle de Rose Magazine, Carine Malaussena contacte en Janvier dernier Céline Lis-Raoux et Céline Dupré. "Rose, je trouvais qu'en terme de support c'est exactement ce que je voulais véhiculer avec ma boite. Ce n'est pas parce que l'on est malade que l'on doit s'adresser à vous qu'en tant que malade, les femmes doivent avoir une image positive d'elle même dans la maladie. C'est très important".
Elle explique sa situation aux fondatrices de Rose Magazine. Ce type de support ne se trouve pas en Angleterre, pourquoi ne pas l'adapter outre-manche ? Les deux Céline accrochent, font confiance et laissent carte blanche à Carine qui décide 
(Dessin pour le diner : Charlotte du jour)
Raphaël Suspène (lepetitjournal.com/londres) vendredi 17 octobre 2014
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