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CHRISTOPHE PREMAT - "Quand on arrive en cours de mandature, il faut aller vite"

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 10 juin 2014, mis à jour le 11 juin 2014

Depuis le dernier remaniement gouvernemental, Christophe Premat, ancien suppléant d'Axelle Lemaire, est le nouveau député des Français de l'étranger de la troisième circonscription. Il est récemment venu tout droit de Suède pour rencontrer les conseillers consulaires élus à la fin du mois de mai.

(source photo : source officielle Christophe Premat) 

Lepetitjournal.com - Depuis la nomination d'Axelle Lemaire en tant que secrétaire d'état au numérique, vous portez la casquette de député des Français établis en Europe du Nord. Comment appréhendez vous ce nouveau rôle ?

Christophe Premat - En tant que député des Français de l'étranger de la 3ème circonscription, je travaille comme un parlementaire, mais aussi au sein de la commission des affaires culturelles et de l'éducation. Ce rôle intègre donc la participation aux votes, aux questions du gouvernement, mais aussi au débat public. On distingue un travail à l'Assemblée, à Paris, et le travail à l'étranger. La difficulté, mais c'est aussi ce qui est intéressant, c'est que cette circonscription regroupe dix pays. Pour autant, il ne s'agit pas d'être un ambassadeur à l'étranger, ni un diplomate. Nous sommes vraiment au service des Français de l'étranger, à travers les priorités que nous nous sommes fixées : par exemple, la valorisation du commerce extérieur dans une optique de juste échange, mais aussi la question de l'éducation et du bilinguisme. Ce rôle a donc plusieurs facettes, c'est ce qui en fait sa richesse. 

Puisqu'Axelle Lemaire avait déjà été appelée en 2012, vous étiez-vous préparé à cette éventualité ?

On ne s'y prépare jamais vraiment. Le suppléant n'a pas de statut officiel, il ne représente pas le député. On se prépare en suivant ce qu'il se passe, qu'il s'agisse de l'actualité ou des actions mises en ?uvre par le titulaire. J'ai moi même suivi directement le travail d'Axelle Lemaire, et j'ai aussi participé à la préparation des élections consulaires. Je ne suis pas sûr que trop se préparer soit la chose à faire. La continuité dans le programme politique est certes établie depuis les élections de 2012, mais chaque individu a ses propres compétences. Ce qu'Axelle Lemaire trouvait intéressant, quand nous avons formé ce ticket de titulaire et suppléant, c'était la double sensibilité nordique, avec la Suède, et britannique, puisqu'elle vit à Londres. Et puis, quand on arrive en cours de mandature comme je l'ai fait, il faut aller vite, sachant que les groupes étaient déjà établis depuis deux ans. Je me suis naturellement porté sur l'éducation et la culture, puisque c'est le milieu dans lequel j'exerçais auparavant.

Les toutes premières élections consulaires viennent juste de se dérouler. Comment ces nouveaux conseillers vont-ils s'insérer dans le paysage politique des Français de l'étranger ? 

Les conseillers consulaires sont des élus de proximité, ils seront donc des relais auprès des députés des Français de l'étranger. Le rôle du député n'est certes pas de traiter toutes les affaires du local, mais nous pourrons faire remonter à l'Assemblée Nationale les questions portées par ces conseillers. Ce qui est aussi très intéressant, c'est que ce rôle est encore tout nouveau, et que le député pourra apporter son aide pour aiguiller ce poste. Nous mettrons en place une relation de coopération, et notamment sur des problématiques qui nous tiennent à c?ur.  

Puisque l'on parle de l'Assemblée Nationale, quels sont les dossiers discutés en ce moment dans l'hémicycle qui concernent les Français de l'étranger ?

On va distinguer deux grandes méthodes législatives : il est possible de décliner un volet pour les Français de l'étranger à l'intérieur d'un projet ou d'une proposition de loi, ou bien de construire un texte directement pour les Français de l'étranger dans une commission, avec un rapport.

Il y a des exemples de lois à caractère national, mais qui peuvent servir les Français de l'étranger. En ce moment même, nous venons de voter la loi de l'économie sociale et solidaire. Cela peut paraître éloigné des préoccupations directes des Français de l'étranger, mais le sujet des crowdfundings, les financements participatifs, peut fortement aider les associations qui sont dans un besoin de financement, en France ou à l'étranger. Dernièrement, nous avons également traité la loi sur l'autorité parentale : il s'agit d'une proposition de loi socialiste destinée à reconnaître un mandat d'éducation quotidien à partir du moment où l'on a deux parents, et ainsi donner un statut au beau père ou à la belle mère. C'est une question très sensible à l'étranger.

Et puis, il y a des questions directement liées à la représentation des Français de l'étranger. Bientôt, nous aurons à aborder le sujet de la réforme territoriale, où se posera la question du statut de l'assemblée des Français de l'étranger. Aujourd'hui, nous avons une représentation complète, avec 12 sénateurs, 11 députés, et les conseillers consulaires mis en place par la réforme d'Hélène Conway-Mouret. Or, l'assemblée des Français de l'étranger devra évoluer, puisque la réforme territoriale va directement influer sur les sénateurs. C'est une réforme qui va directement affecter les Français de l'étranger.

Un autre aspect du rôle des députés des Français de l'étranger est notre capacité à porter les questions de ces derniers concernant la France, Ils ont en effet besoin que la France évolue pour éviter un décalage entre leur vie à l'étranger et le pays d'où ils viennent. Par exemple, il semble difficile de prôner la francophonie à l'étranger si l'apprentissage des langues en France n'est pas mis en avant. C'est un double travail.

Si jamais Axelle Lemaire venait à quitter le gouvernement et ainsi reprendre son poste, quelle serait la suite de votre parcours politique ?

J'aime le débat politique, et je resterai impliqué dans ce débat. Pour autant, j'ai d'autres choses qui me tiennent à c?ur dans la vie. Je pense qu'il ne faut pas dépendre de la politique, et je fais tout pour ne pas en dépendre. 

Propos recueillis par Cindy Jaury (www.lepetitjournal.com/londres) mercredi 11 juin 2014

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Publié le 10 juin 2014, mis à jour le 11 juin 2014