Une campagne nationale sur la surpopulation en Egypte a été lancée durant laquelle seront débattues les mesures à prendre pour contrôler le taux de croissance de la population. Secteur privé et société civile sont invités à s'y joindre. Tour d'horizon des réactions
Les Egyptiens sont 80 millions (photo LPJ)
Avec une naissance toutes les vingt-trois secondes, l'Egypte fait partie du peloton de tête des pays souffrant de surpopulation. Et, la forte natalité n'est pas le seul fardeau du pays. Si la population est de 80 millions d'habitants en Egypte, ce chiffre ne reflète pas sa densité record. Dans un pays où les zones désertiques représentent 95 % du territoire, le manque d'espace croissant ne cesse de se faire ressentir, puisque l'Egypte, hors désert, a la densité la plus forte au monde. M. Moubarak a souligné qu'il était notamment nécessaire de baisser le taux de natalité annuel par l'amélioration du niveau de vie, du statut de la femme ainsi que par une meilleure redistribution de la population sur le territoire. Près de 90% de la population égyptienne est concentrée entre le delta et la vallée du Nil, soit un territoire grand comme la Suisse. "L'augmentation de la population n'est pas contrôlable, le peuple n'est pas prêt à changer ses habitudes. Par contre, rendre une partie des espaces désertiques de ce pays habitable avec la construction d'infrastructures serait envisageable, mais il faut une réelle volonté politique", explique Fared, cadre d'une compagnie aérienne.
Entre solutions et...
Selon les statistiques, si la population égyptienne continue à augmenter avec le taux actuel de croissance, à savoir 1,9, elle devrait dépasser les 200 millions en 2020. Objectif dont la réalisation reste peu envisageable, le Conseil national de la population a initié un plan stratégique prévoyant que le taux de fécondité s'élèverait à 2,4 enfants par femme d'ici 2023.
Mais quand le président Hosni Moubarak appelle son peuple à une prise de conscience du danger de la surpopulation, réelle menace pour le développement égyptien, nombreux sont les Egyptiens qui préfèrent faire la sourde oreille. "Le président dit ce qu'il veut, il oublie qu'en Haute-Egypte, c'est une honte d'avoir moins de sept enfants", explique Mohammed, agriculteur, père de neuf enfants.
Pays arabe le plus peuplé
L'Egypte, peine à relever son défi démographique, avec une moyenne de 3,1 enfants par femme, et de 5 dans les campagnes. Alors que la méthode du gouvernement pour baisser le taux de natalité n'est autre que l'exhortation en faveur du modèle européen de deux enfants par famille, Abbas, étudiant saïdi, pense que pour qu'il y ait changement des mentalités, il faut qu'il y ait mesures contraignantes : "Il ne faut pas oublier que les enfants sont la relève en Haute-Egypte. On ne ramène pas de travail à ces habitants, alors chacun a une sorte d'entreprise personnelle et il fait des enfants pour le bon fonctionnement de son entreprise. Ce pays n'arrivera à rien tant que la population se multiplie à cette vitesse. Il faut agir sur l'éducation. Même si cela prendra du temps, c'est la seule solution qui pourrait marcher sur du long terme."
Poursuivre le planning familial et développer le travail des femmes sont aussi des propositions efficaces. Car, rappelons que toute baisse du taux de natalité tient avant tout au développement du planning familial et à l'élévation du niveau d'étude des femmes.
Sara HABA. (www.lepetitjournal.com ? Le Caire ? Alexandrie) vendredi 27 juin 2008
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