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ECONOMIE - Le bilan du mois d'août 2015

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 31 août 2015, mis à jour le 31 août 2015

Une livre, un jour, c'est le bilan de l'actualité économique de l'Égypte, où l'on parle des chiffres du tourisme, des grands projets, investissements et exportations. Avec la volonté affichée de retrouver la stabilité, le gouvernement égyptien doit pourtant toujours faire face à une situation un peu morose sur le plan des indicateurs économiques, malgré quelques bonnes nouvelles.

 Conférence de Sharm-el-Sheikh : bilan et retombées

En mars 2015, le Président égyptien Sisi invitait une soixantaine de pays à participer à Sharm El Sheikh à une conférence économique unique par son ampleur.

Près de 60 milliard de dollars de promesses d'investissements avaient été signées, et le Ministre de la Planification Ashraf al-Arabi a annoncé que près de la moitié des promesses avaient déjà été concrétisées par la signature d'investissements industriels, dont la fourniture par Siemens de turbines pour le réseau électrique égyptien (9 milliards de dollars) et de prospection d'hydrocarbures (21 milliards signés par les compagnies pétrolières BP, BG et ENI). ENI qui a par ailleurs annoncé ce dimanche 30 août avoir mis à jour le plus grand gisement gazier de Méditerranée au large de l'Égypte.

Enfin il faut ajouter les investissements des pays arabes alliés de l'Égypte, dont les participations à hauteur de plusieurs milliards de dollars au projet de construction de la nouvelle capitale.

 

L'agriculture égyptienne entre ouverture mondiale et crise domestique

Alors qu'elle représente encore une part importante des revenus nationaux, l'agriculture égyptienne peine à trouver une stabilité durable, et l'Égypte peine à nourrir de manière autosuffisante ses 90 millions de bouches. Importatrice nette de blé, en Ukraine et Russie notamment, elle a suspendu ses exportations de riz afin de combler le déficit entre production et consommation, en piochant tout de même 750.000 tonnes dans les stocks de réserve.

La production maraîchère est toutefois exportatrice nette, avec près de 2 millions de tonnes de produits maraîchers (pommes de terre, citrons, fraises, raisins?) soumises à l'exportation depuis le début de l'année.

Quant à la tradition égyptienne de culture du coton, elle est en crise, malgré une hausse de exportations annoncée par le Ministère de l'Agriculture de 63,7% sur le troisième trimestre écoulé. La récente volte-face sur l'interdiction d'importation de coton étranger semble pourtant traduire au contraire une certaine panique face à la chute continue du coton égyptien dans la demande mondiale.

Néanmoins, l'industrie de transformation textile est elle en plein essor, avec près de 30% de la population active employée et un produit brut de près de 2,5 milliards de dollars l'année passée, avec une perspective à 7 milliards d'ici 2025.

 

Stratégie des grands travaux : Sisi entre Nasser, Roosevelt et les gendarmes financiers

Avec le nouveau Canal de Suez en tête d'affiche, le Président Sisi met en avant une volonté de grands projets pour relever l'économie égyptienne. S'ajoutent ainsi un projet fou de nouvelle capitale, les derniers tronçons à creuser du métro du Caire, un projet avec la Russie de centrale nucléaire, la grande usine de traitement de poisson à Port-Saïd?  Si pour le Canal le financement a été exclusivement domestique, en s'appuyant sur l'émission en Égypte de bons du Trésor massivement souscrits, les autres projets sont liés à l'investissement direct étranger, aux lignes de crédit ouvertes par les marchés partenaires (Japon, Russie, États-Unis). ou à l'émission d'obligations sur les places financières (exemple l'émission de 1,5 milliards de dollars de bons à 10 ans par le Ministère de l'Économie en Juin dernier).

Dans un pays où le taux de chômage dépasse les 12% et le taux de pauvreté est tout aussi élevé, une politique de grands travaux paraît être adéquate, mais la réalité des études de rentabilité et la question du financement réel mettent en doute le véritable impact sur la croissance égyptienne, qui stagne à 2% depuis 2011 contre 7% en 2008.

Le Maréchal use probablement autant d'effets d'annonce destinés à vanter sa propre capacité d'initiative, que des réels mécanismes keynésiens de relance économique, propres à Roosevelt ou à l'inspiration de grandeur égyptienne qu'est certainement Nasser. Mais dans un pays encore sclérosé par les troubles politiques, faire le pari du déficit et des projets pharaoniques traduit au moins une impulsion susceptible d'entraîner avec lui les investisseurs internationaux comme à Sharm El-Sheikh.

 

Le tourisme rebondit

 

"Sharm el Sheikh R01" by Marc Ryckaert - (c) CreativeCommons

Avec une hausse « surprise » de 4,4% au moins de juin dernier, le tourisme égyptien semble se relancer, après la chute dramatique de fréquentation liées aux troubles politiques depuis 2011.

En tout cas, l'Égypte se dote de moyens conséquents, avec un plan à 66 millions de dollars pour une campagne globale de promotion (agence JWT) ainsi que des programmes de ciblage notamment des touristes français, l'Égypte espérant faire venir 500.000 compatriotes supplémentaires sur les bords de la Mer Rouge ou près des vestiges archéologiques.

Le Ministère du Tourisme a en tout cas annoncé également une baisse des prix de l'hébergement touristique grâce à l'effet de compétition économique entre les différents opérateurs.

 

La livre en difficulté face aux marchés de devises

Subissant la crise du yuan, la livre égyptienne perd un peu de terrain face au dollar dans les salles de change, se vendant à 8,02 livres pour 1 dollar. Le gouvernement avait déjà fait face aux difficultés d'exportation des marchandises égyptiennes en dévaluant successivement de 10 piastres en juillet et début août, mais sur les marchés d'échange, la livre est toujours pénalisée par une faible visibilité quand aux projets et réformes engagés sur le plan économique et structurel.

  

Quentin Boissard (www.lepetitjournal.com/le-caire) - Lundi 31 août 2015

 

Publié le 31 août 2015, mis à jour le 31 août 2015

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