L'exercice budgétaire à Hong Kong est bien différent de celui en France. Depuis 12 ans maintenant, le budget est excédentaire. Avec un surplus de 93 milliards d'HKD en 2016, le gouvernement de Hong Kong est désormais assis sur une caisse de 935 milliards d'HKD d'excédents accumulés (115 milliards d'euros).
Pour n'importe quel ministre des finances, la séance budgétaire devrait être une fête. Pourtant à Hong Kong le 22 février 2017, le style était encore à la contrition même pour le nouveau ministre des finances Paul Chan Mo-po : on se justifiait sur les calculs (pourquoi l'excédent est-il si important ? 93 milliards alors que les prévisions tablaient sur 11 milliards seulement !) et on prenait soin de parler de lendemains difficiles pour dissuader toute nouvelle dépense et accroître les fonds spéciaux?
Quelques ordres de grandeur
En France, il faut remonter à 1974 pour retrouver le dernier budget excédentaire. Aujourd'hui, la dette publique de l'Etat atteint un triste record de 2.150 milliards d'euros.
Avant de parler de bonne ou de mauvaise gestion des finances publiques, un petit tour (qu'on a essayé d'alléger au maximum) à travers les textes et les niveaux de service public est nécessaire.
La loi fondamentale (Basic Law ? art. 107) exige que les dépenses publiques soient limitées au montant des recettes (a), que le budget soit à l'équilibre (b) et proportionné à la croissance du PIB (c). C'est encore plus orthodoxe que le pacte de stabilité et de croissance en Europe et la fameuse règle d'or budgétaire en France qui autorisent des déficits structurels de 0,5% et un déficit global à 3% en cas de récession. Hong Kong SAR n'est d'ailleurs pas autorisée à financer ses dépenses par le biais d'emprunts ou d'obligations.
Concernant les montants, Hong Kong prévoit une dépense publique de 493 milliards HKD (60 milliards d'Euros) pour 7,3 millions d'habitants. Pour le même nombre d'habitants, il faudrait additionner en France les dépenses de plusieurs grandes mairies, départements, d'une région et d'une partie des dépenses de l'Etat (police, justice... moins la défense, les affaires étrangères pour le cas de Hong Kong du fait de sa semi-autonomie). Mais en simplifiant, la dépense publique en France est de 1.250 milliards d'euros (en 2015) pour 64 millions d'habitants.
C'est donc en parité de change, 19.400 euros de dépensés par Français en comparaison avec 8.200 euros à Hong Kong (soit 135% de plus).
Le niveau d'intervention n'a rien de comparable et ce n'est pas un scoop. Mais les chiffres 2017 du Index of Ecomic Freedom sont intéressants à rappeler : 
Un budget en forte progression
Pour autant, le budget de Hong Kong est en forte progression depuis plusieurs années, excepté 2015. Les demandes sont de plus en plus pressantes pour pallier aux inégalités, offrir plus de protection aux classes moyennes et investir pour conserver un environnement compétitif. Ces dernières années les programmes sociaux ont été multipliés, notamment ceux centrés sur la lutte contre la pauvreté.
Que dit le budget pour 2017 ?
Côté croissance, Hong Kong table sur une croissance comprise entre 2 et 3 % (on ne s'écharpe pas sur le deuxième chiffre après la virgule ici) après 1,9% constaté en 2016.
Les trois objectifs rappelés par le ministre des finances lors de l'annonce budgétaire du 22 février 2017 sont de développer l'économie et d'améliorer les conditions de vie (1), d'investir pour le futur (2) et de faire bon usage des ressources pour bâtir une société juste et équitable (3).
En termes de secteurs, l'éducation, les dépenses sociales, la santé arrivent en tête avec 60% des dépenses. La relance du tourisme est aussi privilégiée avec des mesures temporaires.
Grande nouveauté cette année, le gouvernement accepte d'utiliser le surplus de 2016 ! ... enfin 65% de celui-ci. Il financera des programmes exceptionnels en faveur des personnes âgées et handicapées, du sport, de la jeunesse et des technologies de l'information (enveloppe pour les start-up).
A noter qu'en cette période d'élection, les candidats au poste de chef de gouvernement se montrent plus prodigues dans leurs paroles que jamais et ils s'autorisent même à envisager une utilisation de ces fonds spéciaux.
Marc Schildt (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - lundi 27 février 2017
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