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DOMINIQUE DE VILLEPIN – L’ancien Premier ministre se pose en architecte d’un nouvel ordre financier

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 16 octobre 2013

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L’homme n’a rien perdu de sa superbe ni de ses accents enflammés : il reste capable d’étourdir une assemblée médusée par l’éloquence de son intervention.

Au Foreign Correspondent Club de Hong Kong jeudi dernier, lors d’une présentation de la toute nouvelle agence de notation UCRG (Universal Credit Rating Group, basée à Hong Kong), dont il vient d’être nommé président du conseil consultatif international, Dominique de Villepin nous a rappelé les désordres économiques et les déséquilibres géopolitiques générés par la dette mondiale (qui atteint aujourd’hui en additionnant dette privée, dette des entreprises et dette des Etats 200 000 milliards de USD). Il s’est livré à une diatribe sans faille contre l’hégémonie monétaire américaine et ses agences de notation.

Une suprématie américaine "inacceptable"

Avec un savant mélange d’envolées lyriques et d’exemples concrets, l’ancien Premier ministre français ne mâche pas ses mots dans sa charge contre la mainmise américaine sur le système monétaire international et les trois agences de notation Moody’s, Standard & Poors et Fitch qui décident de l’humeur des marchés.

En plein épisode du "shutdown" outre-Atlantique qu’il n’hésite pas à qualifier de "soap opera", Dominique de Villepin rappelle que la crise majeure, dangereuse que le monde traverse aujourd’hui nécessite une nouvelle répartition des responsabilités et l’émergence de nouvelles agences de notation.

Estimant que les outils dont bénéficient les Etats-Unis leur offrent d’inacceptables privilèges (la prévalence du dollar, l’établissement des lois, le contrôle des risques) jusqu’à leur ôter tout discernement dans les validations de notation et d’accès aux crédits, il insiste sur les changements urgents à mettre en place dans le contrôle des ressources et des liquidités.

L’entrée en lice de nouveaux acteurs économiques

Selon l’ancien Premier ministre, de nouveaux éléments-clés sont à considérer, comme l’apparition de nouveaux pays investisseurs (la Colombie, l’Afrique du Sud, le Qatar, la Chine…), nécessitant des diagnostics plus proches des réalités et des approches multilatérales.

Affirmant que la concurrence entre les agences de notation devrait éviter les conflits d’intérêt et assainir le marché de la régulation, il invoque l’impérieuse nécessité d’une agence de notation indépendante, telle que UCRG, fruit d’une joint-venture entre DaGong (agence chinoise), RusRating (agence russe), et Egan Jone’s (agence américaine), appelée selon lui à jouer un rôle majeur dans un nouvel ordre économique mondial.

Tout à la fois pragmatique et vibrant, il égrène au FCC les qualités indispensables dont doivent se prévaloir les nouveaux acteurs de la régulation : "intelligence", "investigation", "confiance", "simplicité" et "indépendance pour être crédible" tout en ponctuant son discours de maximes aux accents confucéens – on est tout de même en Chine !-, nous rappelant ainsi qu’il ne faut plus "marcher dans le noir", que "le monde a besoin de solutions", que "le chemin est long".

Ce n’est pas la première fois que Dominique de Villepin en appelle à une réforme du système financier et à la fin de la domination des agences américaines : en 2011 déjà, il avait pris part à des réflexions sur la création d'une agence européenne de notation indépendante et alternative, qui puisse avoir une "vision globale et locale", afin de "tirer les leçons du passé".

Stéfany Collin (www.lepetitjournal.com/hongkong), mardi 15 octobre 2013

Crédits photos Wikimédia Commons

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Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 16 octobre 2013

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