Plusieurs organisations de la société considèrent le don de 500 tonnes métriques de pistaches (arachides) du gouvernement des États-Unis d'Amérique à Haïti comme un cadeau empoisonné, dans des interviews accordées à AlterPresse, ce lundi 18 avril 2016. Ce don constitue un complot américain pour détruire la production haïtienne, estime le secrétaire général de la plateforme de résistance des paysans de l'Artibonite (en créole : PREPLA), également membre du secrétariat du Mouvement patriotique démocratique populaire (MPDP), Nicolas Pierre-Louis.
Pierre Louis conteste énergiquement ce don qu'il dit accueillir avec beaucoup de tristesse et de honte.
Il est fort probable que ces produits contiennent des Organismes génétiquement modifiés (Ogm) qui auront des conséquences sur la santé et la production des paysans, met-il en garde.
La distribution de ces pistaches à 140 mille enfants scolarisés sous prétexte de soulager la faim et la malnutrition des enfants en Haïti constitue un alibi du gouvernement américain, estime-t-il.
« Si on veut aider Haïti, pourquoi ne pas investir dans la production ? les États-Unis priorisent d'abord ses intérêts. C'est vrai qu'il y a de la misère et la faim en Haïti, mais, nous devons sauvegarder notre dignité, nous voulons une autre forme de solidarité », suggère-t-il.
Il devrait y avoir une évaluation pour déterminer s'il y a un besoin de ce don en Haiti et déterminer ses conséquences sur la production de pistaches dans le pays, affirme l'agronome Behal Joseph, un dirigeant de l'Association nationale des agro professionnels haïtiens (ANDAH).
L'association va contacter les responsables du ministère de l'agriculture pour voir s'ils ont étudié les conséquences de ce don sur les productions de pistaches, indique-t-il.
Ce don s'inscrit dans un plan américain pour détruire l'agriculture nationale notamment l'agriculture familiale et la production agricole dans la paysannerie, souligne, pour sa part, le coordonnateur de Tèt Kole ti peyizan, Rosnel Jean-Baptiste.
Ce don ne résoudra en rien le problème de la faim, auquel le pays fait face. Si les américains voulaient aider le pays, ils donneraient plutôt de l'argent pour produire des barrages et creuser des puits artésiens pour aménager les bassins versants, déclare-t-il.
Ces actions auraient permis de mettre sur pied des systèmes d'irrigation au bénéfice de la population.
Dans une note en date du 13 avril 2016, la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (*PAPDA) a dénoncé le don de 500 tonnes métriques de pistache, qui constitue, dit-elle, un moyen de trouver une solution à un problème interne de l'économie américaine, notamment de venir en aide aux fermiers américains.
Les autorités devraient plutôt demander aux États-Unis d'Amérique « de mobiliser les sommes, destinées à cette opération, à l'achat d'aliments, produits en Haïti par les régions affichant des excédents, afin d'approvisionner nos cantines scolaires », plaide-t-elle.
La Plateforme encourage à construire une politique basée sur la défense de la dignité nationale, la souveraineté économique, et à entamer une révision des accords de coopération, avec, comme boussole, les intérêts stratégiques de long terme en Haïti.
Mardi 19 avril 2016
Alterpresse.org
*PAPDA : Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif.
La Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) est un regroupement de mouvements sociaux et d'organisations de la société civile haïtienne qui travaille sur les politiques publiques par le biais de l'information, la formation, l'analyse critique et l'élaboration de propositions alternatives. Notre réseau vise essentiellement à renforcer les capacités des mouvements sociaux de notre pays surtout quant à leurs capacités d'interventions sur la scène politique et sociale avec des propositions documentées, viables et cohérentes et qui vont dans le sens des intérêts des couches majoritaires.
