Mercredi 18 mars dernier, l'inauguration des nouveaux locaux de la BCE dans le quartier Ostend à Francfort s'est accompagnée d'importantes manifestations et a été le théâtre d'émeutes à l'ampleur inattendue par les forces de police et par les manifestants eux-mêmes. Revenons sur cette journée chaotique
(Photo AD lepetitjournal.com/francfort)
Une mobilisation longuement préparée
Depuis plusieurs semaines, le collectif altermondialiste et anticapitaliste Blockupy appelait à la mobilisation en ce 18 mars 2015. Des citoyens venus de l'Europe entière se sont déplacés : on dénombre 60 bus en provenance de 36 villes européennes différentes et 800 personnes ayant voyagé en train en convoi exceptionnel. La veille de l'inauguration, les membres de Blockupy distribuaient des tracts dans les lieux publics, tout comme de faux billets de 500?. Le mouvement avait pour objectif d'exprimer sa colère contre la politique économique européenne et la politique d'austérité qui lui semblent incohérentes compte tenu entre autres du coût de construction de la nouvelle tour de la BCE s'élevant à 1,3 milliards d'euros.
Des européens en colère
L'itinéraire du cortège des manifestants démarrait au Römerberg devant la mairie, puis passait par Konstablerwache pour rejoindre la place de l'Alte Oper où s'est tenu un grand rassemblement à 17h. Dès le petit matin, les activistes ont investi la Sonnemanstrasse, adresse de la nouvelle tour de la BCE, ainsi que l'Ostendstrasse, une rue parallèle. Très rapidement, la situation a tourné à l'émeute : barricades, voitures de police et poubelles brulées, vitres de magasins brisées, lancé de pavés, projection de pétards?
La police a répliqué à coups de matraque, canons à eau, gaz lacrymogènes... Par mesure de sécurité, l'accès à la BCE a été complètement bloqué tout comme le second itinéraire prévu pour se rendre sur la place de l'Alte Oper. De même, quatre écoles du quartier Ostend ont fermé leurs portes et les chefs d'établissements ont conseillé aux enfants de rester chez eux. Tout en partageant la colère et la révolte contre la BCE, plusieurs activistes se sont montrés cependant effarés par l'ampleur de la situation qu'ils n'imaginaient pas dégénérer de la sorte. En début d'après-midi, la manifestation s'est enfin pacifiée et la police a pu escorter le cortège en marche pour ?une autre Europe, solidaire, sociale et écologique? jusqu'au point d'arrivée à l'Alte Oper.
Un bilan lourd
Dans la nuit du 18 au 19 mars, quelques altercations dans le quartier de Bockenheim entre la police et les activistes ont entrainé à nouveau des dégâts dont notamment la voiture d'un particulier saccagée dans la Mulanskystrasse. Selon la police, le nombre de manifestants en fin d'après-midi s'élevait à 20.000 personnes au total, et 6.000 activistes Blockupy.
(Photo AD lepetitjournal.com/francfort)
4.000 délinquants auraient participé aux violences de mercredi matin et les forces de police sont persuadées que les émeutes sont l'aboutissement d'une longue préparation. Finalement, 350 personnes ont été sévèrement blessées dont environ 150 policiers, 525 personnes on été placées en garde à vue, 26 ont été arrêtées par la police allemande.
Le maire de Francfort, Peter Feldmann, s'est indigné de l'action des activistes qui a altéré l'image pacifique de Francfort, et engendré un million d'euros de dommages? De plus, selon le ministre fédéral de l'Intérieur Thomas de Maizière, les émeutes de mercredi peuvent être considérées comme une première revendication contre le sommet du G7 prévu début juin au château d'Elmau en Bavière.
Isaure Jayet (www.lepetitjournal.com/francfort), lundi 23 mars 2015
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