Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

FRANCO-ALLEMAND - De l'affrontement

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 27 mai 2014

Si François Hollande et Angela Merkel se sont rencontrés mercredi dernier pour parler Europe de la défense, aucune grande avancée est à noter. Cela tient en partie à des divergences ancrées dans l'histoire. Explications dans notre deuxième volet sur les relations militaires franco-allemandes.

Si la coopération avance, tout n'est pas rose pour autant dans cette relation militaire franco-allemande et les difficultés sont évidentes. En cause, bien sûr, les relations historiques qu'entretiennent les deux pays. Construire une relation militaire dans les années cinquante et soixante, c'était tout d'abord recréer une véritable armée allemande après la seconde guerre mondiale.

Après de longues et douloureuses délibérations sur le plan politique intérieur, la France rejette finalement, par le vote du 30 août 1954, la création d'une Communauté Européenne de défense, dont elle était pourtant à l'initiative. Les raisons ? Un refus de la remilitarisation allemande, mais plus majoritairement une opposition à la perte de souveraineté dans un secteur stratégique et à l'instrumentalisation de cette création par les Etats-Unis, dans le contexte de guerre froide. Suite à cet échec, la RFA se militarise avec la création de la Bundeswehr et intègre très rapidement en 1955 le dispositif de l'OTAN, dont le poids jouera très longtemps le rôle d'un frein pour le développement d'une relation militaire poussée entre la France et l'Allemagne.
 
A la suite de la chute du mur de Berlin, puis de la reconfiguration des stratégies militaires face à l'après 11 septembre, on aurait pu prédire un bond en avant dans l'établissement d'une Europe de la Défense, avec pour moteur le couple franco-allemand. Si de nombreuses avancées doivent être remarquées - création de la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense),  de l'Eurocorps,... - le bilan n'apparaît, à l'heure actuelle, que mitigé. Différences d'appréciation entre Etats sur les questions internationales, sur les relations avec l'OTAN, contraintes budgétaires...  Difficile de voir se dégager une politique européenne extérieure. Et ce même après la création du poste de Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, occupé actuellement par Vivianne Redding. Le cas malien apparaît ici comme un parfait exemple.

Par sa position au conseil de sécurité de l'ONU et sa détention de l'arme nucléaire, Paris pourrait être poussé à se tourner davantage vers Londres, plus proche dans ce domaine que ne l'est l'Allemagne à la France, naturellement plus réticente à prendre de grandes décisions militaires pour des raisons historiques. Ce fut notamment le cas de la politique de Nicolas Sarkozy lors de son mandat concernant les questions militaires. Mais face à un hypothétique retrait britannique de l'Union Européenne, François Hollande semble lui se tourner davantage vers l'Allemagne pour dessiner un avenir commun de défense.

Invité avec Angela Merkel mercredi dernier à Varsovie, où se tenait une réunion du groupe Visegrad (groupe informel rassemblant la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie), François Hollande s'est montré volontariste dans la relance de l'Europe de la Défense. "Si les budgets militaires diminuent, les menaces, elles, augmentent. Il faut donc de la solidarité, de la mutualisation, une stratégie", a-t-il ainsi prononcé. Cependant, seule décision concrète actée lors de cette rencontre, la création d'ici à 2016, d'une unité de combat commune. A l'image de ce sommet, l'Europe de la défense avance, mais à petits pas.

Delphine Schiltz et Cécile Trion (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Lundi 25 mars 2013

Le premier volet de cet article est ici.

lepetitjournal.com Francfort
Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 27 mai 2014

Flash infos