En juillet dernier, le taux de chômage des jeunes atteignait 18,8% dans les 28 pays de l'Union européenne. Pour enrayer le phénomène, l'initiative du député européen Jean Arthuis (UDI), ministre français des Finances de 1995 à 1997, est simple mais ambitieuse, donner aux apprentis la « même possibilité de mobilité que des jeunes issus des milieux académiques ».
Associer l'alternance à la mobilité internationale
Après de longues tractations, le projet pilote « Erasmus des apprentis » a été lancé le mercredi 21 septembre 2016 avec l'impulsion de la commission et du Parlement européen.
Ce programme permettra aux jeunes apprentis européens de partir un an à l'étranger. Jusque là, ces derniers étaient limités à des programmes de 15 jours ou 3 semaines. L'égalité devrait donc être rétablie avec les étudiants apprentis et les étudiants académiques du programme Erasmus.
Ainsi en octobre prochain, 145 apprentis européens (dont 75 Français) pourront apprendre une langue étrangère et se former dans 12 pays européens pendant un an. Avec ce programme, les apprentis bénéficieront de cours de langues et d'une bourse à la mobilité.
( Source: agence Erasmus)
Avec le programme Erasmus des apprentis, les deux principaux freins à la mobilité des étudiants européens seraient ainsi contournés : le financement serait pris en charge par l'entreprise accueillante et les bourses de l'Union Européenne ; des cursus offrant des opportunité de partir à l'étranger seraient proposés.
Premier obstacle à la mise en place d'un tel programme : l'espace européen ne connaît pas d'harmonisation des formations en alternance. Le programme devra donc s'articuler avec les spécificités des 28 pays.
Selon Jean Arthuis, il faudra « peut-être envisager d'appliquer le régime des travailleurs détachés » aux étudiants. C'est à dire appliquer pour chacun les droits de leurs pays, là où ils seront détachés, tant les législations nationales sont différentes.
Objectifs : lutte contre le chômage des jeunes et harmonisation européenne
Selon lui avec ce programme Erasmus pour les apprentis, « nous apportons une réponse au chômage de masse des jeunes dans l'UE ». Pour mettre en place un tel programme Jean Arthuis a dû mettre en branle la bureaucratie bruxelloise, il a notamment constaté que la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle n'avait aucune relation avec Erasmus?
Jean Arthuis s'attaque ainsi à un chantier colossal, celui de l'harmonisation des droit du travail européen : « à moyen terme, j'ai bon espoir de voir la création d'un cadre unique de l'apprentissage en Europe, première pierre d'un droit du travail commun, pour qu'enfin l'Auberge espagnole soit ouverte aux apprentis européens »
La Commission européenne a débloqué 2,3 millions d'euros pour expérimenter ce projet, Jean Arthuis espère que le programme s'en verra octroyer 500 millions dès l'année prochaine puis 1,5 milliard d'euros dans sa version finale.
Robin Marteau (www.lepetitjournal.fr) mercredi 28 septembre 2016