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SUISSE - S.O.S. Français discriminés ?

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 22 mai 2016, mis à jour le 23 mai 2016

 

La journaliste française Marie Maurisse a publié en avril Bienvenue au paradis, Enquête sur la vie des Français en Suisse révélant le racisme dont seraient victimes les expatriés français en Suisse. L'ouvrage a suscité de vives réactions au sein de la population helvétique. Livre à charge ou véritable enquête objective ? La presse s'est emparée de la polémique en donnant la parole aux principaux concernés pour statuer sur ce « racisme anti-Français ». 

Une langue, deux cultures 

L'enquête de Marie Maurisse repose sur le postulat suivant : même si la Suisse partage la même langue que la France, les valeurs sont très différentes de l'autre côté de la frontière helvète. La philosophie de vie, l'éthique du travail, le sens des luttes sociales et la conception politique ne sont pas du tout les mêmes. Le ressentiment des expatriés français reposerait donc sur une désillusion. Au départ, attirés par un pays qu'ils voient comme « une petite France », les Français de Suisse déchanteraient très vite quand les premières blagues commencent à fuser et qu'ils sont traités de « frouzes » (équivalent du « rital » en France pour désigner « l'Italien »). Marie Maurisse explique que ce « racisme » repose sur un paradoxe apparent, « parce que la personne qui nous ressemble le plus et qui quelque part nous menace le plus est la cible la plus naturelle de notre animosité ». 

Seulement, il s'agit de faire la différence entre la petite plaisanterie, la remarque quotidienne et le véritable racisme qui crée des ghettos et des inégalités. L'écrivain Max Lobe en a profité pour rappeler  dans une tribune dans Le Temps que sur un peu plus de huit millions d'habitants, la Suisse accueille deux millions d'étrangers, dont un million d'Européens, qui sont pour la majorité parfaitement intégrés. Qui plus est, c'est en Suisse que vit la plus importante communauté française à l'étranger. D'après les chiffres du ministère des Affaires étrangères en 2015 175.700 Français étaient inscrits au registre en Suisse.

Un malaise qui serait avant tout économique 

Pourtant, il existerait une différence de traitement visible entre Suisses et Français, Marie Maurisse parlant même de « véritable discrimination dans l'accès au travail, au logement et sur les routes ». Une position partagée par L'Est Républicain qui publie le témoignage de Stéphanie, une travailleur frontalière en Suisse : « plus l'emploi va mal et plus la tension est palpable. Beaucoup de frontaliers, soupçonnés de tirer les salaires vers le bas, subissent un racisme anti-Français. Depuis que le parti UDC [ndlr : parti conservateur et nationaliste] est bien ancré, ils ne veulent plus de Français. Une entreprise de Porrentruy prévient même dans ses appels d'offres qu'elle ne recrute que des candidats suisses ». 

 « Poncifs et lieux communs » ? 

Le quotidien suisse Le Temps n'a pas tardé à démonter le livre, dénonçant une diatribe qui repose sur un « tombereau de poncifs et de lieux communs ». Et pour cause, la journaliste Marie Maurisse, pourtant rodée aux enquêtes d'investigation et qui vit en Suisse depuis huit ans, délivrerait une analyse biaisée de la situation des expatriés, en ne donnant pas la parole aux Suisses, ni aux expatriés français des grands groupes avec des salaires élevés. Selon le quotidien helvétique, la démarche confirme que la théorie du bouc-émissaire existe toujours, mettant au même niveau le Français de Suisse et le Rom d'Italie. 

Mais pour 24 heures, ce livre, bien que considéré comme « imparfait » n'en est pas moins « sincère ». Selon le même journal, si les Suisses sont xénophobes, ils le sont avec tous les étrangers présents sur leur sol. Renaud Malik, de la RTS a également réagi au livre de Marie Maurisse, expliquant que la Suisse est « comme une petite tour de Babel où tout le monde a l'impression d'être l'étranger de quelqu'un. » 

Un livre volontairement provocant qui a le mérite de lancer le débat 

Les journaux 24heures et Le temps ont du supprimer des commentaires haineux de nombreux internautes qui réagissaient aux articles. Certains conseillaient à Marie Maurisse de « foutre le camp », un autre déclarait « voilà pourquoi je n'aime pas les Français ». 

Marie Maurisse aurait-elle mis le doigt sur un racisme latent et banalisé à l'?uvre dans la société suisse ? Son livre aura au moins eu le mérite de lancer le débat. La journaliste, qui décrit la Suisse comme un « Eldorado » qui se transforme progressivement en « Enfer » pour les expatriés, a également été victime de menaces et d'injures après la parution de son livre « j'ai reçu des courriers anonymes qui m'enjoignent de manière assez malpolie de rentrer chez moi ». Selon elle, ces comportements « prouvent de fait que les Suisses ont un vrai problème avec les Français, surtout quand on se permet de critiquer leur pays ». 

Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) - Lundi 23 mai 2016 

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Publié le 22 mai 2016, mis à jour le 23 mai 2016

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