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PAYS A RISQUE- Peut-on obliger les Français à quitter une zone dangereuse?

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 26 février 2015, mis à jour le 2 août 2015

Après l'enlèvement de la jeune française Isabelle Prime à Sanaa le 24 février 2015 au Yemen, Laurent Fabius a renouvelé l'appel aux ressortissants français à quitter le pays. À part appeler et prévenir contre le danger quels dispositifs sont mis en place pour protéger nos compatriotes ?

Le message sur le site de l'ambassade de France  qui incitait les ressortissants français à quitter le Yemen « dans les plus brefs délais » n'a pas suffi à inciter Isabelle Prime à quitter le pays plus rapidement. Son employeur confie pourtant « qu'elle devait partir dans quelques  jours ». Consultante en développement durable et en communication pour l'entreprise américaine Ayala Consulting, la jeune Française s'est fait enlever avec son interprète yéménite Chérine Makkaoui par des individus déguisés en forces de l'ordre encore non identifiés alors qu'elle se rendait sur son lieu de travail. Depuis des chefs tribaux et des miliciens chiites Houthis ont été contactés par les autorités françaises et yéménites afin d'obtenir sa libération. Le centre de crise du Quai d'Orsay est en contact avec sa famille.

L'autorité au Yemen est perturbée par l'opposition des chiites Houtis qui contrôlent la capitale contre l'autorité centrale du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Aden. Ce dernier est revenu sur sa démission de janvier face à la menace des Houtis qui avaient assiégé la capitale. C'est à cause de cette forte instabilité politique que l'Ambassade française invitait les Français au Yemen à être rapatriés d'urgence.

La sécurité pour les Français à l'étranger

Avec les attentats de janvier à Paris, les Français de l'étranger représentent des cibles pour Daech, Al-Qaida et autres djihadistes salafistes. Jusqu'ici la question sécuritaire  n'était  pas « forcément déterminante » confiait le député des Français de l'étranger Alain Marsaud à France 24. Selon lui les Français de l'étranger sont des "gens assez déterminés". Face aux obligations professionnelles, le choix de rentrer pour des raisons sécuritaires n'est pas si simple notamment dans des grands groupes non français, comme c'était le cas d'Isabelle Prime.
Didier Le Bret, directeur du centre de Crise du ministère des affaires étrangères nous confiait en décembre 2014 que les Français se responsabilisaient d'avantage  dans les pays à risques : "Je ne pense pas que la majorité de nos compatriotes se mette sciemment en danger. L'actualité particulièrement anxiogène depuis plusieurs années maintenant contribue largement à ce qu'ils ne prennent pas de risques inutiles. Tout cela développe un climat de responsabilisation. Chaque Français doit savoir où il met les pieds et ne pas prendre de risque inutile. C'est un fait, on ne peut pas aujourd'hui aller dans une certaine partie du monde en totale insouciance. Il faut donc accepter de rester informé et être conscient que le climat actuel restreint le nombre de possibles." (Lire notre article)

Les dispositifs de l'Etat

Si depuis 2008 le Ministère des Affaires étrangères a créé un centre de crise, il ne peut  pas imposer de revenir aux ressortissants Français. Le Centre de crise intervient dès que la vie d'un ou plusieurs Français en danger. Il tente de retrouver la trace de Français disparus ou qui ne donnent pas de nouvelles. Pour les prisonniers, la Direction des Français de l'étranger prend le relais et assure un contact continu avec les familles. Il n'y a pas d'autorité pour obliger les Français à rentrer, sauf en cas de crises très graves où les forces armées françaises rapatrient les ressortissants français, comme ça avait été le cas pour la côte d'Ivoire en 2011. Au Yemen, l'ambassade de France avait fermé le 13 février, comme pour celles de bien d'autres pays au moment du rapt d'Isabelle. L'absence de diplomates français sur le terrain complique les recherches, bien que la France soit en contact continu avec les services du Yemen. Le député Alain Marsaud  précise qu'"Il y a deux millions de compatriotes dans le monde, dont une partie dans des zones très exposées. On ne peut pas les faire monter de force dans un avion ou un bateau".

Assez limité dans ses démarches auprès des ressortissants Français, c'est surtout sur la responsabilisation des expatriés français dans les pays à risque que l'on compte.  À ce titre, pour votre sécurité, nous vous rappelons qu'il est fortement conseillé de signaler votre présence dans un pays étranger en vous enregistrant sur le site Ariane du ministère des Affaires Étrangères. Si vous êtes expatriés, il est fortement recommandé de vous inscrire au registre des Français établis hors de France

Mathilde Berger-Perrin ? www.lepetitjournal.com ?jeudi 26 février 2015

Lire aussi : Française enlevée au Yémen: son père en appelle à "l'humanité" des ravisseurs

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RENCONTRE AVEC DIDIER LE BRET ? Directeur du Centre de crise du MAEDI

logofbinter
Publié le 26 février 2015, mis à jour le 2 août 2015

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