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Adieu l’ENA, bonjour l’Institut du service public

Les locaux de l'ENA à Paris, qui s'appellera bientôt Institut du service public Les locaux de l'ENA à Paris, qui s'appellera bientôt Institut du service public
Écrit par Caroline Chambon
Publié le 12 avril 2021, mis à jour le 12 avril 2021

Emmanuel Macron l’a annoncé : l’ENA tire sa révérence, et fera place à l’Institut du service public. Comme promis pendant la crise des Gilets Jaunes, le Président s’attaque à la haute administration.

 

Le jeudi 8 avril, lors de la Convention de gestion managériale de l’Etat, le Président Emmanuel Macron a annoncé, devant 600 cadres de la haute administration, la réforme de l’Ecole Nationale d’Administration. Chaque année, ils sont près de 40 « externes » sur 80 tous parcours confondus à intégrer l’institution créée en 1945 à Strasbourg. A partir du 1er janvier 2022, l’Institut du service public ouvrira ses portes. Mais ce n’est pas la seule transformation que connaîtra l’école responsable de la formation des plus hauts fonctionnaires de l’Etat. Promise en 2019, en plein milieu de la crise des Gilets Jaunes, cette réforme s’inscrit dans une volonté plus large d’Emmanuel Macron d’ouvrir et de simplifier l’administration française. La réforme administrative était d’ailleurs l’un de ses thèmes de campagne durant la présidentielle de 2017.

 

Concours d’entrée et classement de sortie maintenus, mais une obligation d’aller « sur le terrain »

 

Si le concours d’entrée et le classement de sortie seront maintenus, ce dernier pour favoriser le mérite, il y aura du changement du côté des débouchés. Auparavant, à la fin du cursus de deux ans, les meilleurs élèves de l’ENA intégraient souvent les grands corps d’Etat tels que la Cour des comptes. Le président a annoncé que, désormais, les jeunes diplômés devront d’abord faire leurs preuves « sur le terrain » pour acquérir de l’expérience. Un tronc commun avec treize autres grandes écoles - comme l’Ecole nationale de magistrature, Polytechnique, ou encore l’Institut national des études territoriales - sera également mis en place. L’objectif : sensibiliser les primo-entrants à de nouvelles thématiques, telles que la transition énergétique.

 

Les locaux de l'ENA à Strasbourg
Les locaux de l'ENA à Strasbourg

 

L’Institut du service public se voudra plus « ouvert » que son prédécesseur

 

L’un des autres points clés de cette réforme est la diversification du recrutement. Emmanuel Macron a déclaré vouloir attirer plus de jeunes issus de milieux modestes, par le biais des « prépas talents » et d’un renforcement des aides matérielles. En 2019 et 2020, le rapport d’activité de l’école indiquait que 32% des admis étaient boursiers. Le chef de l’Etat veut également faciliter les passerelles entre le secteur public et le secteur privé, estimant que l’Etat a besoin de profils issus du privé. Aujourd’hui, les deux secteurs sont encore particulièrement imperméables, ce qui rend difficile l’échange de compétences et d’expérience.

 

Une « révolution » du service public, en France et à l’international?

 

A l’Elysée, on parle même d’une véritable « révolution » de la formation des élites administratives françaises. Mais la France n’est pas le seul pays avec un système de reproduction des élites particulièrement fermé. Au Royaume-Uni, les universités de Cambridge et Oxford - communément appelées Oxbridge - produisent une grande partie des élites britanniques. Aux Etats-Unis, l’Ivy League - qui regroupe 8 universités prestigieuses et élitistes du Nord-Est des Etats-Unis - continue d’asseoir sa domination. Les hautes sphères des services publics sont donc fermées, et une ouverture serait probablement la bienvenue. A l’image de l’Allemagne, qui a un système de recrutement propre à chaque organisme, par conséquent plus spécifique et plus ouvert.

Mais, malgré ses défauts, l’ENA est particulièrement portée vers l’international. En 2020, près de 59 élèves étrangers regroupés dans deux promotions se trouvaient en formation continue au sein de l’établissement. La structure prépare également aux concours européens, signe de son intégration en Europe, et certains de ses élèves sont formés à l’étranger.