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CONTRE-MAITRE FASSASSI - La Capoeira comme art de combat, mais aussi art de vivre

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 4 avril 2017, mis à jour le 11 avril 2017

 

A deux mois du Festival International de Capoeira, qui se tiendra au Bénin du 23 au 28 mai 2017, lepetitjournal.com de Cotonou a rencontré C.M. Fassassi, Contre-Maître de Capoeira, qui enseigne cette discipline à Cotonou. Découvrez, à travers le parcours de ce dernier, un art de vivre et de s'entrainer, qui puise son inspiration dans les techniques de combat, dans les danses et musiques traditionnelles d'Afrique de l'Ouest.

Lepetitjournal.com/Cotonou : Bonjour Mamoudou, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs dupetitjournal.com s'il-vous-plaît?

C.M. Fassassi : Moi c'est FASSASSI Mamoudou. Je suis connu comme CM FASSASSI. CM veut dire Contre-maître de la capoeira. CM Fassassi c'est mon titre dans le domaine de la Capoeira.

Le Festival International de Capoeira au Bénin se tiendra dans la période du 23 au 28 mai 2017. Une page de collecte de fonds « Indiegogo » a été créée afin de permettre de l'organiser avec succès : https://www.indiegogo.com/projects/festival-international-de-capoeira-au-benin-sports-art#/

C.M. Fassassi voyage en outre au Brésil dans le cadre d'une bonne organisation de ce festival où il a été invité pour participer à un Echange Culturel Bénin-Brésil prévu du 2 au 23 avril 2017.

Cela fait combien de temps que vous faites de la capoeira et que vous l'enseignez ?

 J'ai commencé la capoeira en 2003 et j'en fait mon métier depuis 2010.

Comment vous êtes-vous initié à la capoeira ?

J'ai commencé la capoeira, en réalité, un peu avant 2003 sur internet. J'ai pris des cours, appris la base des mouvements et tout le reste. Je faisais déjà parti d'un groupe de « Moringue » qui est une danse des esclaves de l'île de la Réunion, de Madagascar et de l'océan Indien. C'est à ce moment que je me suis découvert une passion pour la capoeira, qui est plus vaste que le Moringue, sans savoir que ça avait un lien africain. C'est un art martial complet, dans lequel je me suis vraiment retrouvé.

Vous avez appris sur internet parce il n'y avait pas de cours ?

Il n'y avait pas de professeurs, ni de maîtres en Afrique. Il n'y a d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui pas de club de capoeira.

Même pas en Afrique de l'Ouest, où la capoeira trouve en quelque sorte ses origines ?

On trouve désormais des maitres et des groupes. Chaque groupe a son histoire. Des groupes ont commencé à se former en Côte d'Ivoire, au Togo.

Pour ce qui est du Bénin j'ai eu la chance d'avoir reçu l'appui de l'Ambassadeur du Brésil près du Bénin dès 2007. L'Ambassadeur nous a invité mon groupe et moi lors d'une visite du ministre de la culture du Brésil et du Gouverneur de Baya. On leur a fait des démonstrations de capoeira et ils ont apprécié. Ils nous ont alors envoyé un Maître du Brésil pour nous initier.

C'est ainsi qu'il a fait le baptême du groupe. On baptise les élèves parce que la capoeira a des grades comme pour les arts martiaux. Il a baptisé tous les élèves et c'est là qu'il m'a baptisé et qu'il m'a donné ma quotte de professeur en 2009.

Après 2009, grâce à l'aide de l'Ambassadeur du Brésil, j'ai pu me rendre au Brésil pour perfectionner mon enseignement pédagogique. J'ai même reçu des hommages au Brésil.

Ça été un séjour de combien de temps au Brésil ?

Un séjour de 15 jours. Seulement pour les cours, les leçons, la visite dans les autres clubs de capoeira (j'ai joué avec d'autres maîtres pour me tester). Ça s'est bien passé. Quand je suis retourné au Bénin, j'ai démissionné de mon poste de technicien en mécanique générale afin de me concentrer dans l'éducation de la jeunesse à travers la capoeira.

Quand on vous attend parler de capoeira, on comprend qu'il y a toute une philosophie. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

La capoeira est un art martial qui développe en premier lieu la souplesse du corps. J'aime enseigner cet art aux enfants, car ils ont besoin d'être sans cesse en mouvement, sinon ils risquent de contracter ce que j'appelle des maladies de l'intelligence. Il est nécessaire pour eux de faire du sport. La capoeira c'est donc d'abord un sport, une forme d'expression corporelle qui présente des figures que l'on ne trouve pas dans les autres arts martiaux. C'est un sport complet qui utilise les mains, les pieds et tous les mouvements du corps, du sol jusqu'en haut. Elle développe aussi l'intelligence de l'enfant et l'aide à prendre de la distance par rapport à son corps pour mieux réfléchir. C'est une philosophie de vie qui permet de voir les choses sous divers angles.

Mais ce qui en fait aussi un art martial un peu spécial, c'est sa musicalité, ses instruments musicaux et ses chansons qui parlent de l'histoire de tout un peuple et d'une période du passé.

Pouvez-vous effectivement nous dire un peu où la capoeira puise ses origines?

La capoeira vient du Brésil. C'est un art brésilien créé par les africains déportés en esclavage. La racine de cet art c'est donc l'Afrique, la musicalité et les chants folkloriques de tout un continent qui ont accompagné les esclaves déportés vers le Brésil.

Après leur dure journée de labeur, les esclaves n'avaient plus rien d'autres que leur danse et leur musique pour oublier ou pour se souvenir. Mais cela ne suffisait pas pour faire face à la réalité et à l'horreur de leur vie dans les plantations. Il leur fallait un sport, une discipline qui leur permette de d'adopter un état d'esprit qui leur ferait voir la vie sous un autre angle. C'est l'interdiction de la pratique des autres arts martiaux, qui a permit à la capoeira de naitre. La capoeira n'aurait pas existé sans la danse et la musicalité présentes dans cette pratique.

Que signifient exactement les chants et les musiques que l'on entend ?

Quand on écoute vraiment le rythme, on remarque que cela vient de l'Afrique et que les instruments utilisés sont les mêmes instruments traditionnels utilisés ici en Afrique. Les chansons quant à elles, sont des chansons de louanges qui permettent d'avoir du courage. Vous savez qu'un corps sans louanges, sans un esprit spirituel ne peut pas durer. Les chansons parlent donc de Dieu, du courage des capoeiristes, de leur vie au quotidien, comment ils sont maltraités, comment ils sont pourchassés, comment ils ont résisté, comment ils ont pu se libérer, comment ils ont pu se rendre eux-mêmes responsables, autonomes à travers par la prise de décision, à travers leur courage. Les chansons parlent de tout ce genre de choses.

Et quels sont les instruments de musique utilisés ?

Il y a le « Atabaque » qui est un gros tam-tam qui tient debout et l'on reste debout pour taper avec les deux mains. Le bambou, c'est le « berimbau » en réalité qui est une guitare spécialement utilisée pour  la capoeira. Vous voyez ? (en nous le montrant l'image sur son tee-shirt) ça a la forme d'un arc. Ça veut dire que c'est primitif  et auquel on ajoute seulement la calebasse et qui résonne avec la baguette qu'on joue et une pierre qui commande le rythme qui sort.

Et ici au Bénin, quels sont les instruments que vous utilisez ?

Nous avons les mêmes instruments. Car les instruments de la capoeira restent des instruments de la capoeira. Un club de capoeira ne peut pas ne pas avoir ces instruments. On les fabrique ici, le professeur ou le maître doit savoir les fabriquer.

Du coup, vous savez jouer et fabriquer ces instruments ?

Oui tout a fait. Le berimbau est l'instrument primordial de la capoeira.

Et quand vous faites les cours, pendant que vous montrez les gestes, vous avez des musiciens qui jouent ?

Non on fait ça avec un CD, il y a d'ailleurs beaucoup de CD qui  existe. En fait le domaine de la capoeira est vaste. En étant maître, je peux sortir mon album, un album de capoeira qui parle de mon histoire, de la musicalité, des instruments traditionnels de la capoeira, qu'un autre maître peut utiliser lors de ces cours. Mais par contre s'il y a une centaine d'élèves, je peux désigner cinq personnes pour jouer en live pendant que le cours se déroule. Mais si c'est pas le cas, on utilise juste les CD.

Et ce que vous pouvez nous dire où vous faites les cours ?

Les cours se passent pour les ados le lundi de 15h à 16h à l'école anglaise.

Le mardi les cours privés pour les enfants ont lieu entre 15h et 17h.

Le mercredi à l'école « Oufouk » :

-de 12h30 à 13h30, cours pour les maternelles

-de 13h30 à 14h30 cours pour les élèves du primaire

-et à partir de 16h00 cours à l'AMA

-il y a aussi le cours pour  adultes de 19h00  à 20h30

Le jeudi de 15h00 à 16h00 : le cours des enfants et le vendredi de 17h à 18h à l'AMA.

Le Samedi, il y a les cours à l'école anglaise pour  tous les enfants qui ne sont pas de l'école à partir de 9h00.

Et vous êtes combien à enseigner la capoeira ?

A part moi, j'ai 4 ou 5 élèves qui sont aussi des enseignants, qui sont avec moi depuis plus de 10 ans  et qui m'aident dans mes activités.

Est ce que vous faites des cours à domicile ?

Oui je peux faire des cours à domicile.

A partir de combien de personnes ?

Une seule personne seule peut demander des cours de capoeira, je lui apprendrais les mouvements de base. Si la personne a des amis qui peuvent se joindre à elle ça sera plus intéressant pour les « combats ». Il vaut mieux être plusieurs pour se perfectionner.

Y'a t'il de la méditation comme dans le Yoga ?

Méditation non mais peut être de la concentration.

Y-a-t-il des prérequis avant de s'initier à la capoeira?

Non, il n'y en a pas. La personne peut venir neutre afin que la capoeira puisse bien s'intégrer. La capoeira est un sport complet. Les élèves qui viennent sans  prérequis assimilent mieux.

A partir de quel âge on peut s'inscrire à la capoeira ?

J'enseigne à des enfants dès la maternelle, dès 4 ans, et jusqu'à X années (rires?.). Il y a aussi des cours pour les très adultes.

Propos recueillis par Florence Bourreau le 3 février 2017, retranscription effectuée par Tanguy Gnikobou pour www.lepetitjournal.com/cotonou, mercredi 5 avril 2017

lepetitjournal.com cotonou
Publié le 4 avril 2017, mis à jour le 11 avril 2017

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