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ATELIERS DE PEINTURE AU CENTRE NATIONAL HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE PSYCHIATRIE DE COTONOU A FIDROSSE JACQUOT - Le dessin pour réveiller les talents qui sommeillent

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 25 novembre 2016, mis à jour le 25 novembre 2016

Un an déjà, que se déroulent au Centre National Hospitalier de Psychiatrie de Cotonou à Fidjrossè-Jacquot, des ateliers de peinture organisés au profit des patients. Sur initiative conjointe du Directeur du CNHUP de Cotonou, Professeur Agrégé GANSOU Magloire et de l'artiste peintre Charles DUVOYAGE, Franco-Burkinabé, résidant au Bénin, ces séances de dessin, animées chaque jeudi permettent aux participants de mettre en valeur leurs potentialités et de changer le regard extérieur sur leur profil de patient. Après douze mois d'expériences, lepetitjournal.com a pris part à l'une des séances relaxe et instructive. Dans cet article que nous vous proposons, l'identité des patients n'est dévoilée. Elle est abordée juste par des prénoms choisis pour la circonstance.

Denis est depuis peu, pensionnaire du Centre National Hospitalier de Psychiatrie de Cotonou. Assis à même le sol, il s'essaie à la peinture. Son objectif est de présenter un tableau impressionnant. En dépit de la concentration qui se lit sur son visage, Denis est parfois perturbé par des discussions des amis venus avec un peu de retard. A notre montre, il est 11 h 15 mn. Un quart d'heure après le début de la séance du jeudi 27 octobre 2016. Mais Denis ne perdra pas de vue le but à atteindre pour le compte de cette séance. Sur sa feuille blanche reçue en début de séance, il vient, au bout d'une trentaine de minutes, de faire un dessin aux couleurs bleue, jaune, rouge et noire, choisies par ses soins. Sur la feuille, on peut voir un arbre avec ses racines en évidence. De petits points autour, distancés de quelques centimètres par de grosses taches faites dans les quatre angles de la feuille. Denis vient de finir ainsi son exercice de la journée, à l'image de quelques amis assis juste à côté. Comme lui, plusieurs participants se sont également exprimés. Les dessins varient. On peut voir des animaux, une marmite, une maison? la liste n'est pas exhaustive. Cossi par exemple, assis sur un banc au fond de la salle, a proposé un tableau de sensibilisation. « Non à la consommation du tabac », peut-on y lire, avec à côté une cigarette surchargée par une croix rouge. Pendant que la séance est en cours et que des participants sont préoccupés, Charles DUVOYAGE, le peintre et la Psychologue Ségbédé ALIGBONON, s'occupent de ceux qui ont besoin d'assistance, répondent aux éventuelles questions, orientent ceux qui ont accusé un peu de retard pour le choix de la peinture, de pinceaux, de crayons et bien d'autres. C'est aussi le moment d'accrocher les dessins réalisés dans le but de les sécher. Déjà 1 h 25 min, encore trente cinq minutes avant la fin de la séance. Beaucoup sont encore préoccupés par le travail. Ils comptent tous s'exprimer avant la clôture. L'engouement s'observe et chacun se laisse aller au rythme de l'imagination.

La peinture pour donner une autre identité des patients

L'initiative qui a démarré en novembre 2015 fait maintenant un an. Elle vise selon Charlesà permettre aux participants de s'exprimer autrement. « La peinture est un moyen d'expression qui permet à tout le monde de s'extérioriser et de ressentir le bonheur de peindre », renseigne Charles. A en croire la Psychologue Ségbédé ALIGBONON, c'est aussi un espace de rencontre entre patients et personnel soignant. « La santé mentale est une question très globale c'est le psychisme qui est en jeu et qui s'exprime à travers la manifestation du corps, à travers certaines réflexions, à travers des gestes, des faits, de l'inspiration, de l'artistique, dont la peinture? », a-t-elle ajouté pour justifier le bien-fondé de ces rencontres, en précisant qu'avec les dessins, un spécialiste peut déduire ce que ressent chaque patient.

Les participants affichent déjà un engouement pour les séances. Selon l'artiste, les participants n'étaient pas nombreux au début, mais au fil des jours, leur effectif s'accroît, une moyenne de vingt patients par séance. « Les travaux ont également permis aux patients de savoir comment utiliser les différents outils comme les pinceaux et surtout d'acquérir les différentes techniques de mélange des couleurs. Ils arrivent également à s'entraider », confie l'artiste. Ces avancées amènent la Psychologue Ségbédé ALIGBONON, à souhaiter l'évolution de ce projet avec à la longue beaucoup d'innovations.

Des ambitions pour une initiative qui a fait ses preuves

En dépit des avancées notées, les ateliers de peinture n'ont pas encore atteint la perfection. Des innovations sont souhaitées pour atteindre le bout du tunnel. Dans ce sens, Charles a réfléchi à d'autres projets, qui sont soumis aux autorités du Centre national hospitalier de psychiatrie de Cotonou. « La seule chose que je reproche aux séances c'est l'aspect instantané. Même si on garde, les peintures, on ne peut pas les exploiter après parce que c'est sur du papier et difficile à conserver. Nous pensons donc à mettre sur pied quelque chose de pérenne. Nous avons proposé à la direction la confection des tableaux qu'on peut coller au mur, entretenir et décorer la maison. Cela permettra de donner aux participants une autre image que celle de ?malade?», dixit  Charles. Il faut préciser qu'en dehors des ateliers de peinture, le Centre National Hospitalier Universitaire de Psychiatrie de Cotonou accueille également des ateliers de conte, de lectures guidées, d'humour, d'écriture libre, et bien d'autres, le tout organisé en une unité dénommée, l'Atelier de Réinsertion Sociale et d'Expression Artistique (ARSEA).

Childéric Sessou, (www.lepetitjournal.com/cotonou), vendredi 25 novembre 2016

 

 

lepetitjournal.com cotonou
Publié le 25 novembre 2016, mis à jour le 25 novembre 2016

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