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VENTE DE FRIPES - Un bon business pour les jeunes étrangers désormais interdit

 

A Cotonou, plusieurs citoyens ont recours aux fripes pour refaire leurs garde-robes. Ces vieux vêtements, moins chers comparativement au prix de revient de l'achat d'un tissu et de la main d'?uvre, ou au prix des vêtements dans les boutiques, constituent pour beaucoup de Béninois une solution. Plusieurs points de vente de fripes existent dans la capitale économique du Bénin. C'est le cas de l'axe « Stade de l'amitié Général Mathieu KEREKOU ? Carrefour Vèdoko ». Cet endroit permet à beaucoup de jeunes étrangers de faire des affaires. Lepetitjournal.com y a fait un tour. 

Il est 19 h. L'affluence ici, sur le trottoir longeant les pavés entre le stade de l'amitié Général Mathieu Kérékou et le carrefour Vèdoko est remarquable. Rien d'extraordinaire. C'est une ambiance habituelle que vivent les usagers au quotidien. Avec une trentaine de tee-shirts sous la maison, Habib, 25 ans environ, invite les passants à s'offrir des vêtements.A côté, un autre jeune qui vend des pantalons.

Les habitués de ce marché occasionnel ne sont pas les seuls. Le long du trottoir, on retrouve plusieurs sortes de produit. Des ceintures, des chaussures, des jeans, des chemises, parfois même des costumes. Ces produits sont proposés aux clients par de jeunes venus pour la plupart des pays de la sous-région. « Je suis nigérien. Ça fait près de trois ans que je suis à Cotonou pour les affaires », confie Moussa dans un français approximatif. Ce jeune qui vend des pantalons jeans dit avoir quitté son pays depuis tout petit. « Le Bénin n'est pas ma première destination », a-t-il ajouté.

La plupart des vendeurs retrouvés ici ont presque le même parcours que Moussa qui a acquis les compétences nécessaires et a découvert les rouages de ce secteur d'activité grâce à d'autres ainés. Dans leurs rangs, on retrouve également des Guinéens, des Maliens, des Nigérians et parfois des Béninois qui s'intéressent de plus en plus à cette activité.   

Notre interlocuteur, Moussa, nous apprend que la chaîne de cette activité est bien longue. « Les marchandises viennent des États-Unis ou de l'Europe. C'est après cela que nous allons acheter à missèbo pour les proposer à nos clients », dit-il.   D'un avis général, la vente des fripes permet à ces jeunes de subvenir à leurs besoins et de faire des économies malgré les difficultés qu'ils rencontrent.

Précédemment au stade?

Il y a encore quelques jours, ce marché de fripes avait élu domicile devant le stade de l'amitié Général Mathieu Kérékou. Cet endroit qui réunit souvent du monde était une opportunité pour les vendeurs. Désormais cependant la vente de fripes est déclarée interdite.

A notre arrivée sur les lieux dans la soirée du jeudi 9 février, l'espace est clairsemé. Contrairement aux habitudes. « On a plus le droit de rester devant le stade », renseigne Moussa, tout désespéré. « Là où nous sommes maintenant, la clientèle se fait rare. Il n'y a pas assez de place pour permettre à ceux qui sont intéressés par nos produits d'attendre », ajoute le jeune vendeur.

En réalité, depuis le 4 janvier 2017, le gouvernement béninois a entamé la phase active d'une opération dénommée, libération des espaces publics illégalement occupés. L'opération couvre huit des douze départements du Bénin et est exécutée par les préfets.

Dans le littoral, cette initiative est conduite par le préfet Modeste TOBOULA. Cette opération a pris en compte les points de vente installés sur l'esplanade du stade et les vendeurs ambulants qui prennent d'assaut les trottoirs. « Nous étions devant le stade un soir comme d'habitude quand les policiers sont venus. Ils nous ont réuni avant de porter l'information à notre connaissance. Et depuis ce jour, si quelqu'un va là-bas, les policiers saisissent les marchandises », raconte Moussa. Néanmoins, ce changement de point de vente n'émousse pas les ardeurs. Tous les jours, surtout les soirs, Moussa et ses amis investissent le trottoir entre le stade et le carrefour Vèdoko, en attendant de trouver un meilleur endroit.

Childéric Sessou, www.lepetitjournal.com/cotonou, mercredi 15 février 2017