Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 1

LES JUS ETOILES SAINTE ROSE DE LIMA - Entretien avec Soeur Rachel de la communauté des soeurs dominicaines

 

Lepetitjournal.com a rencontré pour vous S?ur Rachel, qui gère l'exploitation des jus Sainte Rose de Lima, produits par les S?urs de la Congrégation Romaine de Saint Dominique, présentes au Bénin. Voici la retranscription d'un entretien très plaisant avec une s?ur qui a fait de l'entrepreneuriat une occupation à plein temps sans que cela ne vienne interférer avec sa vocation et ses croyances.

Focus sur la congrégation des S?urs dominicaines

La congrégation des s?urs dominicaines est d'origine française et va fêter ses 50 ans de présence au Bénin. La vocation de cette congrégation était au départ de travailler beaucoup sur les jeunes et l'éducation et d'aider les congrégations locales à se développer. C'est seulement trente ans après que la congrégation a commencé à former des s?urs béninoises. Il y a quatre maisons réparties sur le territoire : à Lokossa, à Fidjerosse, à Parakou et à Akassato dans l'arrondissement de Calavi, là où se trouve l'unité de transformation des jus. La congrégation est internationale et il y a des s?urs au Japon, en Amérique, en France, à Rome et en Espagne. En Afrique, elle ne sont présentes qu'au Bénin, où il y a une trentaine de s?urs béninoises, françaises et espagnoles.

Le parcours de S?ur Rachel

S?ur Rachel a terminé l'université avec un diplôme d'ingénieur-agronome, spécialité nutrition et sciences alimentaires avant d'être formée par la congrégation. Elle a commencé par enseigner dans les lycées agricoles à Sekou vers Allada et dans un lycée vers Comé, et au Nord-est à la limite du Niger, ainsi que non loin de Parakou. L'agro-alimentaire n'est pas un secteur très développé au Bénin et ceux qui s'intéressent le plus à ce secteur sont les privés. C'est pourquoi le secteur n'est pas très connus et manque de débouchés. Pour s'insérer il faut un capital de départ, car l'Etat n'apporte aucune aide. Souvent, ceux qui s'engagent dans ce secteur n'ont pas la formation et ceux qui reçoivent cette formation ont du mal à s'insérer s'ils n'ont pas de capital.

L'idée de départ pour une usine de transformation

Les s?urs ont démarré l'unité de transformation en février 2015. L'idée de départ était de réfléchir à une ?uvre aussi bien apostolique que sociale à mener pour la nouvelle communauté des s?urs qui était en train de se créer. Après avoir sillonné le quartier, les s?urs ont pu constater que la population de la Zopah (zone de Palmier à huile) à proximité de Calavi, se retrouvait sans emploi suite à la vente de l'usine de palmier à des étrangers. Juste à côté les s?urs ont constaté que suite à la création d'une usine de transformation de noix, gérée par des indiens, des femmes, déjà très tôt le matin, se battaient pour trouver un travail au jour le jour. L'usine n'arrivant pas à toutes les absorber, il fallait trouver une solution.

C'est de là qu'est née l'idée de l'usine qui apporterait si possible également un revenu à la congrégation. Les s?urs se sont lancées au début dans un petit projet, puis comme la demande de travail était immense, le projet a pris au fur et à mesure de l'ampleur. Pour que le projet puisse continuer, il fallait trouver des débouchés pour absorber la demande. Il fallait donc arriver à produire régulièrement pour assurer le travail à la semaine des mamans, et non plus à la journée comme au départ.

Les différentes activités de l'usine

L'activité principale réside dans le conditionnement. Les bouteilles à jus qu'utilisent les s?urs sont des bouteilles recyclées. Les mamans passent dans les quartiers et rassemblent les bouteilles qu'elles vont ensuite vendre au marché. Du coup, elles le font à présent pour le compte de l'usine.

Il faut ensuite laver les bouteilles, les stériliser, les encapsuler et les étiqueter. C'est cette activité qui coute même plus cher que le jus lui-même et qui absorbe la plus grande partie du travail.

L'activité secondaire est le lavage et l'épluchage des produits. Ils passent ensuite dans un extracteur, et le jus est pasteurisé et mis en bouteille. Ces activités emploient des mamans et des jeunes étudiants qui survivent au jour le jour pour pouvoir suivre leurs études. 

La transformation est effectuée sous le contrôle de S?ur xx. Si elle n'est pas là, la transformation n'est pas effectuée. Les bouteilles sont ensuite remplies une par une à la main.

L'écoulement des stocks de jus

Actuellement la plus grande préoccupation des S?urs est de trouver des moyens d'écouler les stocks de jus afin de pouvoir produire en continue et d'assurer un travail régulier à leurs employés. L'ensemble des bénéfices est directement réinvesti dans l'usine.

Les S?urs vendent à qui veulent acheter. Elles n'ont pas cherché le marché au départ, l'?uvre était plutôt sociale et d'offrir un travail. S?ur Rachel confesse avoir fait les choses un peu à l'envers, mais peu importe. Les Soeurs ont des points de vente au sein de leurs 4 maisons et vendent également via les dépôts des frères dominicains. Les dépôts à la sortie des messes ont beaucoup de succès, car les populations sont à la recherche de jus 100% naturels.

Des produits, si possible, sans sucre et 100% naturels

Les s?urs proposent une gamme variée de jus et s'adapte à la demande du consommateur, à ce qu'il préfère.

Les S?urs produisent du jus d'ananas, de baobab (qui lui n'a pas besoin d'être pressé, puisque c'est une poudre qui est achetée), de mangue (auquel on ajoute du jus de citron pour maintenir un petite acidité), de tamarin (fait de gousse, la peau est déjà enlevée et c'est la pâte qui sert à faire le jus après un décoction à chaud), d'orange (qui nécessite du sucre pour enlever l'amertume qui se développe rapidement), du jus de gingembre. Elles ont également testé le jus de carambole.

Les Soeurs produisent également des mélanges, des cocktails pour varier les goûts : ananas-baobab ; ananas-mangue, ananas-tamarin.

La formulation utilisée pour les jus à bas d'ananas permet de ne pas ajouter de sucre. En cela les personnes diabétiques peuvent boire les jus et cocktail sans soucis. Pour les autres produits, l'ajout de sucre est incontournable, mais limité.

Le choix de produire du jus s'est fait pour éviter le gâchis alimentaire et proposer aux populations la consommation des fruits qui ne font pas partie des repas de base. De même les s?urs n'ont pas opté pour des confitures qui ne font pas partie de la base alimentaire des béninois car trop sucrées.

Quel futur pour l'usine de transformation ?

Les S?urs ont aujourd'hui investit pour que leur produit soit analysés et labellisés par des spécialistes de l'alimentation afin qu'elles puissent les vendre en supermarché. D'une entreprise artisanale les s?urs commencent à s'industrialiser ce qui fait rire S?ur xx, car tout cela n'était pas prévu au départ. A présent il va falloir s'organiser pour trouver du temps pour s'occuper de l'usine et penser à une politique de commercialisation.

Pour contacter et découvrir les produits des S?urs par tel. 97 13 23 27/99 63 36 05/ 65 72 19 53 et par mail. Produits.etoiles@gmail.com/ up.sainterosedelima@yahoo.fr

Florence Bourreau (www.lepetitjournal.com/cotonou) lundi 25 juillet 2016