Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CARNAVAL - La Weiberfastnacht à Bonn : les femmes prennent le pouvoir

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 23 février 2017, mis à jour le 30 mars 2017

Cette année, nous étions à Beuel pour célébrer l’ouverture du carnaval. En effet, c’est dans ce quartier de Bonn qu’aurait été inventée la Weiberfastnacht, cette fête ayant toujours lieu le jeudi qui précède le Rosenmontag, et au cours de laquelle les femmes ont le droit de prendre le pouvoir : elles occupent la mairie et se doivent de découper les cravates des hommes, dans une ambiance joyeuse et chaleureuse à laquelle la musique et la bière qui coule à flots ne sont pas étrangères.

Les fous s’emparent de la ville

Officiellement, le carnaval commence très précisément à 11h11, heure à laquelle les fous sont censés s’emparer de la mairie et faire régner la bonne humeur dans toute la ville. En réalité, c’est dès 8h du matin que les habitants de Bonn les plus courageux investissent la place de l’hôtel de ville de Beuel, pour commencer à chanter, à boire de la bière et à manger des saucisses. La place se remplit au fur et à mesure de princesses, de coccinelles, de motards et autres kangourous et koalas. La grande scène est installée, sur laquelle se succèdent plusieurs groupes spécialistes de chansons de carnaval dans une ambiance bon enfant. La tension monte : les premières bières commencent à faire effet et on attend avec impatience les chars, qui apportent avec eux des tonnes de sucreries jetées à la foule. Les plus agiles et les plus chanceux repartiront avec des sacs pleins à craquer de bonbons – essentiellement des Haribo, marque emblème de la ville.

Une tradition locale

Le carnaval des femmes date de 1824 et, surtout, il aurait été inventé à Beuel, dans ce quartier de Bonn qui se trouve sur la rive droite du Rhin. Les blanchisseuses, excédées de voir les hommes célébrer activement le carnaval pendant qu’elles étaient occupées par leur travail, auraient décidé d’abandonner ce dernier pour se retrouver dans les brasseries et fêter à leur façon le premier jeudi du carnaval. La tradition est restée. Ce jour-là, les femmes ont tous les droits, notamment celui de découper les cravates des hommes rencontrés. Ainsi, c’est un symbole à la fois castrateur et anticonformiste à travers la mise à mal d’un accessoire typiquement masculin et très conventionnel.

Un événement majeur que ne louperaient les Bonnois pour rien au monde !

A cette occasion, les chars et les costumes rivalisent d’élégance et d’inventivité, tandis que le public se livre au Schunkeln, cette manière de danser propre au carnaval, qui consiste à tanguer ensemble en se tenant par les bras au rythme des chansons. Tous les Bonnois rencontrés se réjouissent du début du carnaval, et ne louperaient cette fête traditionnelle pour rien au monde. La plupart ont posé des jours de congé pour l’occasion et comptent bien faire la fête tout le week-end, jusqu’au Rosenmontag qui constitue sans doute le paroxysme du carnaval. La Weiberfastnacht a aussi une saveur particulière pour les Bonnois et surtout pour les habitants de Beuel, qui ne cessent de rappeler fièrement que cette tradition est née ici, au pied de l’hôtel de ville. Beaucoup s’avouent aussi émus : le carnaval est toujours considéré comme un moment chaleureux qui facilite les rencontres et le partage. Il s’agit bel et bien d’un moment culturel fort. Les couleurs de Cologne sont affichées dans toutes les rues et des expressions en dialecte kölsch retentissent un peu partout. C’est en criant "Alaaf !" que les participants se saluent, mot de rassemblement pour tous les fous venus célébrer leur liberté.

Au bout de quelques heures, après que la princesse à l’honneur cette année, Luisa, a été célébrée et après que divers confettis et autres banderoles ont été jetés, la place commence à se vider. En effet, il fait frais, le vent est vif, et la fête traditionnelle est terminée. Elle se poursuivra dans toute la ville pendant plusieurs jours sous diverses formes : depuis ce matin, tout est permis.

M.L (www.lepetitjournal.com/cologne) Vendredi 24 février 2017

Enregistrer

Enregistrer

logofbcologne
Publié le 23 février 2017, mis à jour le 30 mars 2017

Flash infos