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SALAIRE MINIMUM - Quel bilan, un an après son instauration?

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 13 janvier 2016, mis à jour le 24 janvier 2016

 

Mis en place le 1er janvier 2015, le salaire minimum (Mindestlohn) à 8,50 euros de l'heure avait pour ambition de réformer le marché du travail en instaurant un seuil légal pour tous. Vivement décrié avant sa mise place par de nombreux économistes prévoyant de massives suppressions d'emploi, la réforme semble aujourd'hui porter ses fruits.

Tout d'abord quelques chiffres. De janvier 2015 à septembre de la même année, le taux du chômage est passé de 4,8% à 4,5% selon Eurostat. En octobre 2015, on notait 43,5 millions d'actifs soit 400.000 de plus que l'année passée. Pour la ministre du Travail Andrea Nahles, il s'agit là de "la plus importante réforme sociale des dernières décennies".

Un impact encore léger sur le terrain

Dans certains secteurs comme la restauration où le caractère flexible des "minijobs" était particulièrement prisé, on remarque un glissement de ce type de contrat vers des contrats classiques à mi-temps.

- Pour le responsable de l'Espressino, petit café-restaurant italien près d'Erbertplatz à Cologne, l'instauration du salaire minimum depuis un an lui a permis d'obtenir plus de réponses aux offres d'emploi. Il a cependant constaté une baisse de son chiffre d'affaires, une partie de ses bénéfices allant dans le salaire rehaussé de ses employés.

- Pour le café-bar Havana plus loin, cette nouvelle loi ravit les employés. Le patron se montre lui plus tempéré. Il ressent une augmentation de ses dépenses, venant notamment de certains de ses fournisseurs qui ont augmenté leurs prix en conséquence.

La plupart des autres commerçants interrogés (restaurateur, coiffeur, serveur, employé dans un magasin bio, pharmacien, esthéticienne, boulangère et libraire), se sont montrés enthousiasmés par cette nouvelle loi, même s'ils nous ont tous avoué dans la foulée n'avoir ressenti aucune différence notable depuis sa mise en place.

Deux nouveaux défis à venir pour l'année 2016 en Allemagne

À l'échelle nationale le Mindestlohn devra relever deux défis courant 2016. Tout d'abord en milieu d'année une commission composée des syndicats des employeurs et des salariés se réunira pour adapter le salaire minimum à l'activité économique allemande, en hausse. Il sera certainement question de l'augmenter. Comme en convient la ministre du Travail (qui ne siègera pas à cette commission) "comme l'Allemagne se porte bien économiquement et que les salaires ont augmenté (2,7% ndlr) le salaire minimum devrait aussi en profiter".

Le deuxième défi est de faire participer le million de réfugiés à l'économie allemande, et d'adapter la loi du travail en conséquence. Le pays, vieillissant, avait besoin de main d'?uvre. Mais aujourd'hui un problème persiste : parmi les nouveaux arrivés, peu sont qualifiés. Pour rattraper ce retard les employeurs suggèrent de payer les réfugiés en deçà du salaire minimum pendant une période d'au moins six mois après la date d'embauche. Comme c'est actuellement le cas pour les chômeurs longue durée.

Un an après son instauration, et même si les différents acteurs ne semblent pas tous unanimes quant au changement radical opéré par cette loi, le salaire minimum n'a cependant pas fait chuter l'économie comme annoncé, mais a au contraire rassuré. Il faudra donc attendre 2017 pour ressentir les effets des défis de l'année à venir. Nous serons alors en pleine période électorale.

Benjamin Hardy (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 14 janvier 2016

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Publié le 13 janvier 2016, mis à jour le 24 janvier 2016

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