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LEILA GHANDI - "Le voyage est une école"

Écrit par Parler Darija
Publié le 10 avril 2014, mis à jour le 11 avril 2014

Profitant de l'exposition-événement en faveur de l'Association Bayti, Lepetitjournal.com a rencontré pour vous la baroudeuse professionnelle qu'est Leila Ghandi.

Lepetitjournal.com: Vous êtes diplômée de Science Politiques Paris et de L'École Supérieure de Commerce de Bordeaux. Comment êtes-vous devenue une artiste ? 

Leïla Ghandi: C'est un choix politique. Je me suis rendue compte qu'on pouvait faire de la politique et s'engager à travers d'autres biais que le gouvernement, notamment par l'art, ou les médias. Je pense que chacun peut apporter une contribution à son échelle. Pour s'engager pleinement, il faut se développer dans ce pour quoi on est bon, et ne pas avoir peur et oser prendre des risques. Si on ne veut pas être critiqué, le mieux c'est de ne rien faire, mais cela n'est pas très utile... Rien n'arrive sur un plateau ! Cela fait plus de 10 ans que je suis à mon compte dans le domaine des médias, mais avant, j'étais étudiante et je me suis démenée pour voyager seule. J'ai décidé de faire des stages à l'étranger, dans des pays très différents de ce que je connaissais comme le Chili ou la Chine, j'avais envie de découvrir le monde. Mes voyages étaient très "système D" au début, avec de tout petits moyens ! Ma première exposition, c'était dans la rue, à Paris, il faisait -3° ! (Rires). Ensuite seulement j'ai commencé à recevoir des commandes. Il ne faut pas ménager ses efforts, mais il faut aussi laisser une chance aux choses d'aboutir.

Vous avez voyagé de par le monde, pourquoi être revenue au Maroc ? 

J'ai beaucoup voyagé oui, je ne sais même plus combien de pays j'ai visité. Une soixantaine ? (Rires) Le voyage est une école, cela m'a construite, m'a permis d'avoir un autre regard sur le monde, de m'enrichir. Ici au Maroc, j'ai toutes mes attaches, ma famille, mes amis, mes racines. C'était évident pour moi de développer quelque chose ici. Il y a un grand besoin de messages : Le droit des femmes, des enfants, la liberté, l'ouverture et la tolérance... Il y a beaucoup de questionnements identitaires et une certaine notion d'urgence. Je voulais contribuer, et transmettre moi aussi des messages aux Marocains. Cela dit, je ne me ferme aucune porte. J'ai récemment eu une reconnaissance très encourageante de la part de la France d'ailleurs. J'ai de l'intérêt, je suis curieuse, j'ai envie de passer des bons moments : toutes mes démarches sont sincères. J'exerce sous plusieurs coupoles : la vidéo, la photo, l'écriture. Je trouve mon équilibre entre toutes ces disciplines : j'aime créer des passerelles entre ces différents univers. Par les photographies, je peux créer de l'échange, de la proximité.

Exercez-vous des modifications de la réalité sur vos oeuvres

photographiques ?

J'emploie quelques procédés de retouches photographiques, au niveau du contraste et de la lumière notamment. Je ne cherche pas à changer le cadrage, ou à modifier vraiment la photo. Je respecte ce travail, mais cela n'est pas le mien : je ne suis pas une technicienne de l'image. J'accepte l'imperfection, je trouve que c'est plus facile pour témoigner, pour raconter : il y a une intention derrière une photographie. Je ne fais pas de mise en scène, il n'y a ni maquillage ni studio. C'est une immersion naturelle, en toute simplicité, et c'est cela qui crée l'émotion dans mes photographies.

Vous êtes donc une personnalité publique au service de différentes causes ?

En tant que femme marocaine, j'essaie d'incarner un exemple, d'inspirer. Je veux dire aux femmes marocaines qu'on peut s'assumer, être libre, être maître de son destin. On peut s'émanciper du joug de la famille, de la société ou de la religion. On peut faire des choses qui nous plaisent vraiment ! Jouir de nouveaux droits, les faire valoir. Chacun a sa propre responsabilité, et peut apporter une contribution à son échelle. Par cette parole, nous pouvons donner plus de valeur à l'égalité. Chacun, dans son propre rôle, est un relais. Il ne faut pas attendre que le monde change pour nous. Les lois ont besoin de nous pour changer : c'est une responsabilité civile. Je veux inciter les gens à se bouger, à faire des dons, à s'impliquer. Je veux servir d'exemple, qu'on puisse se dire "je peux agir", "je peux participer".

Manon Kole (http://www.lepetitjournal.com/casablanca) Vendredi 11 avril 2014

Ensemble des crédits photos: Leïla Ghandi

parler darija
Publié le 10 avril 2014, mis à jour le 11 avril 2014

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