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INSECURITE - Casablanca préoccupe ses habitants

Écrit par Parler Darija
Publié le 31 mars 2014, mis à jour le 1 avril 2014

L'insécurité à Casablanca inquiète depuis quelques temps les habitants. Au point qu'une page internet créée il y a quelques jours dans le but d'organiser une marche contre l'insécurité ambiante à Casablanca rassemble 10 000 personnes. Les internautes se saisissent du problème et Salima Abdelhadi, mère de famille à l'origine de la page facebook, explique au Petitjournal sa démarche.

(crédit photo: Tcharmil)

Lepetitjournal.com: Qu'est-ce qui vous a poussée à créer cette page?

Salima Abdelhadi: C'est une accumulation. Cela fait quelques temps qu'il règne un climat de suspicion désagréable dans la ville. Je dirais que cela fait 6 mois, un an que la sentiment d'insécurité s'est accru dans la ville. Lors de son dernier discours, le roi était très en colère vis-à-vis de la gestion de Casablanca. Après ce petit blâme, nous nous attendions à un changement positif, or la situation a empiré. Je n'ai jamais été agressée personnellement mais des proches l'ont été. Je ne voulais pas attendre mon tour sans rien faire. J'ai toujours entendu parler d'agressions, de vols... Mais lorsque j'ai entendu parler de meurtre, je me suis dit que ça allait trop loin. Je n'ai pas envie que la violence se banalise. L'élément déclencheur a été la mort de Farida Berada. Cette femme est connue, c'est pour cela que sa mort a été médiatisée, mais d'autres meurtres le sont moins.

Avez-vous vu la situation se dégrader ? Comment cela est arrivé d'après vous ?

La délinquance a toujours existé, mais à présent elle semble beaucoup plus organisée. Nous l'avons vue avec les pages "Tcharmil". Ce terme désigne une sauce en darija mais a pris un tout autre sens dans le jargon moderne, dont j'ignore exactement la portée, mais l'on peut y voir des jeunes qui étalent leur butin avec fierté, exhibent leurs armes, parfois même des sabres. Il ne s'agit plus de survie, il s'agit d'une soif de vengeance déplacée. Tout cela est la conséquence directe d'un délaissement. Ces jeunes doivent aller à l'école, il y a trop d'analphabétisme dans le pays; de même, ils devraient avoir un meilleur accès à l'emploi. Le problème est l'oisiveté. Et nous, les gens qui marchons dans la rue, la classe moyenne, devrions nous y sentir en sécurité. Nous subissons ces agressions alors que la plupart d'entre nous vivent à crédit.

Quel est le but de la marche que vous voulez mettre en place ?

Que les autorités assument leur rôle et prennent en considération la question, qu'ils agissent. Il faut prendre exemple sur d'autres pays où la criminalité est moins forte, mettre en place des caméras par exemple. Il faut des mesures dissuasives.

N'avez-vous pas peur que le fait de pointer du doigt ce problème soit une façon d'exacerber les craintes ?

Non, le problème est présent, cela n'amplifie en rien le phénomène déjà en action. J'ai peur pour mes enfants, ma ville, ma personne. Cela devrait être normal de se sentir en sécurité dans son propre pays. Nous ne devrions pas avoir à organiser des marches.

Avez-vous d'autres projets après cette marche ?

Non, je suis très occupée par mon métier et ma vie de famille. Je me suis saisie de la question parce que je me sens concernée mais si quelqu'un veut reprendre le flambeau, ce sera avec plaisir. Je n'ai aucune ambition politique ou autre, le but est juste d'éveiller à un problème et la société civile semble vouloir se mobiliser aussi.

 

Retour sur les derniers événements qui ont marqué la ville:

Farida Berrada est décédée dans la nuit du 24 mars, tuée en voiture à l'âge de 70 ans par un jet de parpaing. Il s'agissait de l'épouse du président du conseil de surveillance des laboratoires pharmaceutiques Bottu.

De même, plus récemment, un homme a été retrouvé égorgé à Derb Ghallef dans sa droguerie, le meurtrier ayant été retrouvé. L'auteur du crime encore présent sur la scène du crime lors de son arrestation avait pour ambition de voler le commerçant.

Cependant, même si le climat semble tendu ces derniers temps à Casablanca, n'oublions pas que de nombreuses arrestations ont lieu ces derniers jours et que de nombreuses associations oeuvrent pour les habitants, l'accès à la culture. Il faut aussi veiller à ne pas céder à la peur, et rester vigilent quant aux nombreuses rumeurs qui circulent ces derniers temps sur internet, c'est en tout cas ce que nous dit Ahmed Ghayat dans cet article d'Aujourd'hui le Maroc, publié le 31 mars dernier.

Louise Favel (www.lepetitjournal.com/casablanca) Mardi 1er avril 2014

 

parler darija
Publié le 31 mars 2014, mis à jour le 1 avril 2014

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