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CROISSANCE - 3 questions à Philippe Chatignoux, chef du service économique de l'ambassade de France au Cambodge

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 3 janvier 2017, mis à jour le 5 janvier 2017

Pour LePetitJournal.com Cambodge, Philippe Chatignoux, chef du service économique de l'ambassade de France fait le point sur le contexte économique actuel au Cambodge et ses perspectives à travers 3 questions.

1) Quel est le contexte économique actuel au Cambodge ? 

La croissance mondiale s'est étiolée mais le Cambodge bénéficie encore d'un environnement régional favorable malgré le ralentissement de l'économie chinoise. La croissance de l'ASEAN reste ainsi plus soutenue (+4,8% en 2016) que la moyenne du monde émergent (+4,2%) vers lequel, après un resserrement au printemps 2016, les flux de capitaux ont, par ailleurs, repris.

Le Cambodge poursuit, à vive allure, son parcours d'émergence économique. La croissance du PIB restera proche de 7% pour les deux années à venir, au rythme observé depuis 25 ans en moyenne. Les exportations textiles ont encore accéléré au premier semestre, compensant une progression moins vive du tourisme qui connait, cependant, une reprise en fin d'année. Dans l'attente du plein effet des mesures de stabilisation prises par la Banque Nationale du Cambodge, le crédit se développe encore vivement en 2016 (+25% après un doublement en trois ans), soutenant l'activité du secteur de la construction qui bénéficie d'investissements étrangers soutenus. L'aide internationale abonde, avec la reprise des activités de la Banque mondiale au printemps dernier, pour le financement des infrastructures alors que l'Etat bénéficie d'une forte progression de ses recettes qui doit se traduire, outre le relèvement des salaires publics, dans la productivité de l'administration.

2) Quels sont les principaux risques en matière de croissance économique ?

Les risques pour la croissance  sont plutôt orientés à la baisse. Dollarisation de l'économie qui pèse, en temps de dollar fort, sur la compétitivité du site productif cambodgien. Fragilité du secteur bancaire dans un cadre de supervision encore insuffisant. Attractivité questionnée alors que l'environnement des affaires reste anxiogène et que la concurrence pour l'accueil des investissements étrangers se durcit. Eviction programmée, enfin, dans la décennie à venir, des préférences tarifaires dont bénéficient les exportations cambodgiennes avec la signature de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Vietnam et, par ailleurs, l'émergence en cours du Cambodge (désormais un pays à revenu intermédiaire selon la définition de la Banque mondiale).

3) De façon générale, comment s'en sortent les entreprises françaises au Cambodge ? 

Les entreprises françaises contribuent avec dynamisme à l'émergence économique du Royaume. Elles y bénéficient du principe d'ouverture qui fonde, malgré quelques accrocs, la politique économique des autorités depuis plus de 20 ans. La France est le premier investisseur européen au Cambodge où elle peut compter sur les investissements emblématiques de quelques grands groupes français tels Vinci, Total, Accor. Les dernières données de la Banque de France évaluent, fin 2015, à 280 millions d'euros le stock des investissements français au Cambodge (un chiffre qui sous évalue, par construction, leur montant réel). Après un doublement en trois ans, les investissements français continuent de progresser avec, entre autres, l'implantation de BRED au Cambodge et le développement du réseau de distribution de Total.

Au Cambodge, notre avantage comparatif réside dans le réseau d'entreprises locales créées par des compatriotes dans la plupart des secteurs de l'économie. Elles constituent un socle d'appui solide pour l'offre française au Cambodge alors que notre performance commerciale est encore en deçà de son potentiel. En comparaison régionale, toutefois, les produits français sont davantage présents au Cambodge grâce à un réseau structurés d'importateurs ou d'exploitants. C'est notamment le cas dans l'aéronautique (avions et hélicoptères), dans la pharmacie et l'agroalimentaire. Pour l'avenir, le développement des infrastructures dans l'énergie, les transports et le développement urbain et touristique durable sont nos priorités d'action. Les entreprises françaises s'y affirmeront par la force de leurs technologies et leur capacité d'innovation mais en restant, aussi, l'emblème d'un développement économique respectueux des Hommes et de la Nature. Leur engagement militant dans la promotion de leur Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) au Cambodge est, de ce point de vue, un atout majeur.

Propos recueillis par Nimith Chheng, mercredi 4 janvier 2017

(www.lepetitjournal.com/cambodge)

 

 

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Publié le 3 janvier 2017, mis à jour le 5 janvier 2017

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