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MUSIQUE CLASSIQUE - Sur une note positive

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 13 avril 2015, mis à jour le 9 avril 2015

Après des années difficiles, la musique classique recommence à devenir l'un des fers-de-lance de la culture roumaine. Plusieurs festivals ont réussi à se forger une renommée internationale, au grand plaisir d'un public de connaisseurs qui n'a jamais manqué à l'appel. (Cet article a été publié le lundi 9 mars 2015)

Photo : www.alexandrutomescu.com et www.fundatiaenescu.ro

Durant les dernières années du communisme, il fallait être courageux et braver le froid pour entendre danser les notes de musique des plus grands compositeurs. Même dans la magnifique salle de l'Athénée roumain. ''Nous gardions nos manteaux et nos toques de fourrure pendant les concerts et les musiciens jouaient en mitaines, se souvient Dinu Dragomirescu, un amoureux de la musique classique, aujourd'hui retraité. Un seul radiateur était allumé sous le soliste pour que ses doigts ne gèlent pas sur le violon.'' Mais cette époque semble bien résolue et 25 ans après la chute du dictateur Nicolae Ceau?escu, la Roumanie accueillent plusieurs festivals internationaux, aux grands plaisirs des nombreux mélomanes que compte le pays. Le dernier en date, le festival des orchestres radio d'Europe, RadiRo, a eu lieu fin septembre et a rencontré un immense succès. ''J'ai senti une ferveur qui me touche beaucoup, témoignait alors le chef d'orchestre français Stéphane Denève, venu pour diriger le Stuttgart Radio Symphony Orchestra. Dans beaucoup d'endroits, la musique classique semble devenir un divertissement comme un autre et cette dérive me fait peur. Ici, on l'apprécie encore comme au 19e siècle quand elle était la plus vivante et considérée comme un art très élevé.''

Une vitrine pour la Roumanie

Mais c'est le festival George Enesco qui a replacé la Roumanie dans le club restreint des pays qui compte dans ce domaine. Créé en 1958 en hommage au compositeur roumain du même nom (1881-1955), il est devenu ces dernières années l'un des rendez-vous du genre les plus courus d'Europe. Pour l'édition 2013 ? il est organisé une fois tous les deux ans ? quelques 125 000 billets ont été vendus, dont 20 000 à des étrangers. Il s'agit tout simplement du plus gros événement culturel de Roumanie. Pas moins de sept millions d'euros ont été alloués par le gouvernement pour l'organisation, un budget gigantesque pour ce pays. ''Je me souviens qu'en 1991, lors de la première édition post-communiste, le plus dur avait été de trouver des pianos, explique Mihai Constantinescu, le directeur de l'événement. Il n'y en avait pas suffisamment dans tout le pays et il s'agissait d'instruments de mauvaise qualité. On avait fini par en faire venir de l'étranger !'' S'en est suivi un travail sans relâche pour redonner au festival une crédibilité internationale. Aujourd'hui, il est devenu une sorte de vitrine de la Roumanie à l'étranger. 

Des fins de mois difficile pour les musiciens

Pourtant, l'histoire de la musique classique est relativement récente en Roumanie. Longtemps dominé par l'Empire Ottoman, le pays se tourne vers l'Occident seulement à la fin du 19e siècle. En un temps relativement court, l'ensemble de sa culture va s'imprégner de cette nouvelle influence, notamment grâce aux nombreux artistes et intellectuels qui vont se former en France et en Allemagne. Le début de la période communiste est synonyme d'une rupture avec le monde occidental. Dans les dernières années de la dictature, alors que Nicolae Ceau?escu se met en tête de rembourser jusqu'au dernier centime de la dette extérieure du pays, toutes les dépenses de l'État sont réduites à leur maximum. La culture n'y échappe pas et la qualité des orchestres se dégrade. Depuis quelques années, les choses bougent de nouveau dans ce domaine même s'il y a encore beaucoup de progrès à faire. Les musiciens des orchestres publics gagnent en effet à peine plus que le salaire moyen (380 euros). Et beaucoup d'entre eux travaillent en parallèle pour arrondir leur fin de mois. ''L'école de musique roumaine est tout à fait comparable à celle de la Russie ou des pays asiatiques et aujourd'hui, je peux vous dire qu'il n'y a quasiment aucun grand ensemble dans le monde qui n'ait pas dans ses rangs au moins un musicien roumain, confirme Alexandru Tomescu, le violoniste roumain le plus talentueux de sa génération. Mais il est difficile de faire une comparaison entre les orchestres roumains et ceux occidentaux car ici, les salaires sont bien plus bas, les instruments se trouvent souvent dans un état précaire et l'acoustique des salles de concert, quand il y en a, laisse à désirer.''

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mardi 14 avril 2015

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 13 avril 2015, mis à jour le 9 avril 2015

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