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CULTURE - Sauvez le grand écran 

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 15 avril 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

La Roumanie est le pays européen qui possède aujourd'hui le moins de salles par rapport au nombre d'habitants. L'Association pour la promotion du film roumain (APFR) vient de lancer une campagne visant à sensibiliser le grand public sur la disparition des salles de cinéma. Un ample projet basé sur la réalisation d'un documentaire dont la première aura lieu lors du Festival international du film de Transylvanie (TIFF). Entretien avec Andrei Agudaru, le coordinateur de cette initiative.

Photo : salvatimareleecran.ro

Lepetitjournal.com/Bucarest - D'où est partie l'idée de la campagne Salva?i marele ecran (Sauvez le grand écran) que vous venez de lancer officiellement ce lundi  ?

Andrei Agudaru - Cette campagne se base sur la réalisation d'un documentaire qui a été co-produit par Tudor Giurgiu, le président de l'association pour la promotion du film roumain. Ce documentaire, Cinéma mon amour, est parti d'un constat simple : au début des années 1990, il y avait plus de 450 cinémas dans le pays, aujourd'hui, une trentaine seulement fonctionne encore. C'est durant la documentation sur ce film que l'idée nous est venue. Nous avons considéré qu'un documentaire n'était pas suffisant. Il fallait faire quelque chose en plus.

Quand vous parlez de trente cinémas, vous ne prenez pas en compte les multiplex des centres commerciaux ?

Non, je me réfère aux petites salles qui existaient dans les années 1990 et qui ont petit à petit disparu.

Et en quoi consiste plus exactement votre initiative ?

Tout d'abord, nous avons mis en place une campagne de collecte de fonds pour la réhabilitation et la modernisation des cinémas du pays. Puis nous allons organiser un séminaire sur le sujet lors du TIFF (Festival international de film de Transylvanie dont l'ouverture aura lieu le 30 mai, ndlr). Des représentants des services culturels de plusieurs mairies seront invités. Ils pourront assister à une présentation sur l'accès aux différents fonds qui existent pour la réhabilitation des salles de cinéma. Des intervenants appartenant à des organisations de Pologne et de Croatie partageront également leurs expériences sur des projets de ce type qui ont déjà eu lieu dans leur pays.

Le problème de la fermeture des salles obscures en Roumanie n'est-il pas plutôt lié à l'absence de public ?

Certes. Mais il existe tout de même un besoin d'aller au cinéma qui ne peut pas être assouvi dans certaines villes. Tout simplement parce qu'il n'y a plus de cinéma. A Bucarest, c'est sûr, la situation est différente. L'accès à une salle de cinéma ne pose pas trop de problème. Mais dans certaines régions, les grands écrans ont tout simplement disparu du paysage culturel. Or, il existe un public.

Le nombre de salles au début des années 1990 témoigne d'une culture cinématographique bien ancrée chez les Roumains. Bucarest était d'ailleurs renommée pour le nombre de ses cinémas. Comment est-on passé à une extrême inverse en seulement vingt ans ?

La situation avant 1990 était totalement différente. Les communistes ont construit des cinémas dans toutes les villes, car il y avait beaucoup de films de propagande à diffuser... Après la chute du régime, et avec l'arrivée des chaînes de télévision commerciales, les Roumains ont eu la possibilité de voir des films ailleurs qu'au cinéma. En parallèle, l'indifférence des autorités locales couplée à divers intérêts immobiliers a accéléré la transformation de nombreuses salles de cinéma en casinos, restaurants ou supermarchés, qui étaient plus profitables que la projection de films.

Cette culture cinématographique a-t-elle disparu ?

Elle existe encore un peu. Pour preuve, la fréquentation des grands festivals de Roumanie. L'année dernière par exemple, plus de 62.000 personnes sont venus voir un film durant les dix jours du TIFF. Et ils ont payé leur billet. Mais il est vrai que les jeunes se dirigent aujourd'hui plutôt vers des lieux moins conventionnels. Il faut donc travailler sur ce point pour redonner le goût aux Roumains d'aller fréquenter les cinémas. Propos recueillis par Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 16 avril 2014

Plus d'informations sur le site www.salvatimareleecran.ro 

 

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Publié le 15 avril 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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