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DEVELOPPEMENT - Galați et son territoire

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 8 avril 2014, mis à jour le 8 avril 2014

A la demande de la mairie de Gala?i, la société Atelier Foaie Verde a réalisé une étude visant à repenser la ville et son territoire. Une démarche innovante que présente le Français Nicolas Triboi, chef de projet et gérant de la société.

Dessin : D.R.

Lepetitjournal.com/Bucarest - En quoi consiste le projet et pourquoi est-il unique dans le paysage urbain roumain ?

Nicolas Triboi - Il a pour objectif principal de proposer des pistes de réflexion aux acteurs locaux. L'étude intervient à titre pédagogique auprès des élus et des techniciens de la ville. Le projet "Master plan/Potentiel naturel et paysager du territoire de la municipalité de Gala?i " propose une réflexion sur le cadre de vie, et sur le potentiel naturel et paysager de la ville et de son territoire. Nous prenons à rebours les schémas préconçus quant à la manière de penser l'urbanisme en Roumanie, où le développement urbain s'axe généralement sur la simple identification des zones à urbaniser. La question n'est pas où construire, mais quelles sont les portions de territoire à mettre en valeur, et quels environnements naturels à valoriser. Il s'agit de l'avenir de la relation homme-nature. Nous essayons de définir des manières de vivre son territoire autrement, et de s'approprier la nature en milieu urbain, et ce non pas uniquement en centre ville mais aussi aux portes de la ville : parcs et jardins, friches, terrains vagues, pratiques agricoles péri-urbaines, urbaines, zones agricoles peu attrayantes...

Comment cela s'est-il passé ?

Les techniciens des services d'urbanisme de Gala?i m'ont un jour demandé ce que nous pourrions faire pour ameliorer le paysage de leur ville. Ils semblaient désemparés face à l'élagage meurtrier  qui se pratique sur les tilleuls centenaires du centre. J'aurais pu leur recommander de rénover un square mais j'ai préféré leur proposer une approche globale et à long terme. L'équipe de la mairie a accueilli nos propositions à bras ouverts. Nous nous sommes ensuite penchés sur la méthodologie de cette étude qui constitue une première en Roumanie. L'analyse du paysage nécessite des regards croisés, des évaluations objectives et subjectives sur le territoire. Nous ne parlons pas ici d'espaces verts, notion née de l'urbanisme fonctionnaliste qui, une fois les diffèrentes zones de construction et de voirie fixées, propose des espaces verts à la manière de bouche-trou, mais de nature et de territoire que nous prenons en compte ensemble sous la forme de paysages.

En quoi la ville de Gala?i constitue-elle un espace urbain particulièrement adapté à ce genre de projet ? 

Gala?i est un exemple remarquable car c'est une ville au territoire complexe : les vallées qui l'entourent avec les pentes qui s'enfrichent et les troupeaux de chèvres, les silhouettes péri-urbaines industrielles faites de lignes noires et rouges. Tout ce désordre est assez désolant, dur et triste. Pareil pour les champs et les pâturages des environs, héritiers d'un système de production ultra-industrialisé. Au milieu de tout ça, il y a la ville sur une sorte de promontoire : coquette mais pas mise en valeur alors qu'à ses pieds coule le Danube. On y retrouve des problématiques urbaines classiques avec notamment la place accordée aux espaces verts mais aussi des problèmes liés à la gestion des zones naturelles aux portes de la ville : des zones humides, des belvédères, des cultures sans arbres, sans arbustes et sans haies, et des zones agricoles tantôt charmantes tantôt industrialisés à l'excés. L'urbanisme ne peut s'exprimer de manière cohérente qu'en intégrant les valeurs ajoutées que représentent l'environnement et l'agriculture.

Ce type de projet est-il reproductible ailleurs en Roumanie ?

Ce projet est adaptable à toutes les villes et les villages. Il est fait de recommandations logiques sur nos modes de vie. Le pâturage urbain par exemple est quasi omniprésent dans toutes les villes de Roumanie. Beaucoup de villes à l'étranger subventionnent aujourd'hui des troupeaux pour paître dans les zones péri-urbaines afin de les garder propres... Alors qu'en Roumanie, c'est théoriquement interdit par la loi. Du coup, personne ne s'y intéresse vraiment. Même si certains ne comprendront pas ce type d'étude, je pense qu'au final notre démarche va prévaloir dans un futur proche en Roumanie. Il s'agit juste d'envisager de faire évoluer son paysage urbain dans une direction davantage humaine et équilibrée. Propos recueillis par Benjamin Ribout (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 9 avril 2014

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 8 avril 2014, mis à jour le 8 avril 2014

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