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MINORITES - Entretien avec Erika Birman, représentante du parti d'extrême droite hongrois Jobbik

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 25 mars 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

L'accès à la citoyenneté hongroise des Magyars de Roumanie, autorisé par Budapest depuis bientôt deux ans, a poussé de nombreux Sicules à demander la double nationalité. Pour cette minorité hongroise du centre de la Roumanie, il s'agit d'un retour à la normalité mais aussi d'un moyen de se faire entendre. Pour la première fois, ils vont pouvoir voter lors des prochaines élections législatives de Hongrie, le 6 avril. Erika Birman, 24 ans, représente à Miercurea Ciuc le parti d'extrême droite hongrois Jobbik.

Photo : D.R.

Lepetitjournal.com/Bucarest - Pourquoi est-il important que les Hongrois de Roumanie puissent avoir accès à la citoyenneté hongroise ?

Erika Birman - Nous, les Hongrois de Transylvanie, nous sommes des Magyars comme tous les autres, et l'accès à la citoyenneté est un droit qui nous revient naturellement. J'ai obtenu ma citoyenneté et mon passeport hongrois au printemps dernier, tout comme mon père et ma mère. Ces documents permettent de nous sentir au même niveau que les Hongrois de Hongrie.

Beaucoup d'entre vous ont aussi demandé le droit de vote. Pourquoi ?

Le fait de pouvoir voter pour les élections législatives de Hongrie permet de montrer au reste des Hongrois que nous existons encore et qu'il ne faut pas nous oublier. Même si nous sommes hors des frontières, nous restons des Magyars comme les autres et nous nous sentons concernés par ce qui se passe dans notre pays. Je pense que cette implication va aussi rappeler à Budapest que nous souhaitons obtenir notre autonomie et qu'il faut nous soutenir.

Vous parlez d'autonomie mais n'êtes-vous pas plutôt nostalgique de la Grande Hongrie et d'un retour de la Transylvanie à la mère patrie ?

Nous savons bien que la Grande Hongrie ne pourra pas se refaire. C'est impossible et nous avons déjà accepté cette idée depuis longtemps. Par contre, nous continuons à croire à l'autonomie de l'enclave sicule et au droit à notre autodétermination. Vous savez, beaucoup de jeunes de la région partent à l'étranger pour trouver du travail et fuir la pauvreté. Et d'habitude, ils ne reviennent pas en Transylvanie. Je pense que l'autonomie permettrait de freiner ce phénomène car les Sicules se sentiraient plus impliquer pour développer leur région.

Justement, l'obtention d'un passeport hongrois n'a-t-il pas été aussi un moyen pour beaucoup de jeunes de partir plus facilement à l'étranger ?

Si. Les passeports hongrois offrent plus d'avantages que les passeports roumains. Nous n'avons pas besoin de visa pour partir aux Etats-Unis, par exemple. Mon petit ami est parti travailler en Angleterre avec son passeport hongrois et ça a été bien plus facile. En tant que roumain, on vous assimile à un Rom et on ne vous donne pas de travail.

Cette autonomie tant désirée ne craint-elle pas de créer des tensions avec les Roumains qui, même s'ils sont minoritaires dans l'enclave sicule, restent une réalité ?

Je viens d'une petite ville où nous, les Hongrois, nous n'étions que 20% de la population. Le reste était des Roumains. J'ai grandi avec des Roumains, j'ai encore beaucoup d'amis roumains. Cette duplicité, nous ne pouvons pas la nier et je crois encore à une solution qui pourrait permettre aux uns et aux autres de se sentir bien. Je sais que ce sera très difficile. Il va falloir encore du temps pour que nous, les Sicules, nous sachions précisément à quoi doit ressembler notre autonomie, et afin aussi que les Roumains puissent l'accepter. Propos recueillis par Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mardi 26 mars 2014

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Publié le 25 mars 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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