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COSTIN BORC - ''Privatiser une entreprise publique n'améliorera pas forcément sa gouvernance''

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 15 mai 2016, mis à jour le 15 mai 2016

Ancien cadre dirigeant du cimentier français Lafarge, Costin Borc a été appelé en novembre 2015, par le Premier Ministre Dacian Ciolo?, aux fonctions de vice-Premier ministre et ministre de l'Economie. Près de six mois après sa prise de fonction, il a répondu aux questions du Petit Journal de Bucarest. Interview.

Photo : www.gov.ro

Le Petitjournal.com/Bucarest - Sauf grande surprise, votre mandat  n'excédera pas une année, qu'est-ce qui vous a motivé à relever ce défi ministériel important dans un gouvernement de technocrates ?

Costin Borc - Compte tenu de la crise politique que rencontrait la Roumanie en novembre, j'ai considéré qu'il était important pour moi d'accepter la proposition du Premier Ministre Dacian Ciolo? pour participer à son équipe ministérielle. J'ai considéré que c'était une occasion de servir mon pays, et donc que c'était un devoir de répondre favorablement à cet appel.

Est-il vraiment possible d'engager des réformes profondes sur une période aussi courte ?

Oui. Premièrement je suis un optimiste et je crois que si on est en accord avec ses principes, il est possible d'engager des réformes profondes pour la société. Je pense également qu'il est très important de poursuivre les réformes structurelles qui ont été engagées, et ne pas rester inactifs, durant une année, à ne rien essayer de changer. La Roumanie enregistre de bons résultats sur un plan économique, mais la poursuite des réformes est nécessaire pour continuer à engranger ces bons résultats.  

Comment jugez-vous la relation roumano-française sur le plan économique ?

La relation entre nos deux pays est exceptionnelle. La Roumanie et la France jouissent d'une proximité tant sur le plan culturel que linguistique. Il est important de signaler que beaucoup d'entreprises françaises sont présentes en Roumanie (3500 entreprises françaises implantées, ndlr). Et toutes, des plus petites aux plus grandes, se portent bien, de ce que je sais. C'était, en tout cas, les échos que j'avais lorsque j'étais secrétaire général de la Chambre de commerce franco-roumaine (CCIFER) et c'est toujours mon impression, aujourd'hui, en tant que ministre de l'Economie, lorsque je rencontre et visite ces entreprises. Mais cette importante présence française profite également au commerce extérieur roumain puisque les exportations roumaines vers la France ne cessent de progresser. Désormais, il faut encourager les entreprises roumaines à s'implanter durablement en France. De plus, la bonne qualité de la relation bilatérale ne s'arrête pas aux relations économiques. Elle vaut également pour de nombreux secteurs, comme chacun a pu le constater à l'occasion de la visite du Premier ministre, il y a quelques mois en France, au cours de laquelle il a été reçu par le Président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls.

On dit, ici et là, que certaines entreprises publiques comme Tarom, l'aéroport de Bucarest ou encore le port de Constan?a pourraient être privatisées. Qu'en est-il exactement ?

On entend en effet beaucoup de choses sur ce sujet, notamment les noms de possibles investisseurs étrangers qui manifestent un intérêt pour telle ou telle entreprise. Il existe bien des réflexions et un processus d'analyses au sein du gouvernement, mais privatiser n'est pas une fin en soi. Il ne faut pas imaginer qu'en privatisant une entreprise publique, on améliorera forcément sa gouvernance. Le devoir de l'Etat, en tant qu'actionnaire, est de gérer au mieux les entreprises dont il a la responsabilité. Si l'on parle de privatisation ou d'une offre publique d'actions, il faut d'abord définir une stratégie et se demander de quoi avons-nous besoin et quel est l'objectif recherché. Si, par exemple, on envisage le développement de l'aéroport de Bucarest, alors il faut effectivement procéder à une offre publique d'actions afin de permettre une augmentation de capital. En revanche, décider de la privatisation d'une entreprise par choix politique, uniquement pour annoncer une privatisation, n'est pas d'une grande utilité. Et il est probable que ce ne soit pas une grande réussite.

Le tourisme fait partie de votre portefeuille ministériel. Quelles sont vos priorités en faveur du développement de ce secteur en Roumanie ?

La Roumanie bénéficie de bonnes perspectives de développement pour son secteur touristique. Mais tout d'abord, il convient d'améliorer les outils de promotion pour améliorer l'image de la Roumanie à l'étranger. Et c'est à la fois de la responsabilité de l'Etat et du secteur privé d'?uvrer dans ce sens. Ensuite, je pense qu'il faut privilégier le développement de secteurs pointus bien identifiés, comme par exemple l'éco-tourisme, le tourisme culturel, rural ou balnéaire. La Roumanie a la chance de pouvoir compter sur un patrimoine balnéaire de grande qualité, et je pense que ce type de tourisme a vraiment un avenir dans ce pays. Pour résumer, le secteur touristique dans son ensemble est très important pour la Roumanie et a de grandes perspectives de développement devant lui.

Au terme de votre mandat, envisagez-vous une poursuite dans le secteur public ou plutôt un retour dans le secteur privé ?

Bonne question. Mais au terme de mon mandat, j'envisage tout d'abord de prendre un peu de vacances?

Une dernière question pour conclure. Le 10 juin, la France et la Roumanie vont s'affronter en ouverture du championnat d'Europe de football. Vous suivrez, j'imagine, ce match avec attention. Quel est votre pronostic ?

Cette question ne me pose pas de difficultés. J'aime la France car j'y ai vécu durant plusieurs années, mais quand il s'agit de football, il est clair que je soutiens de tout c?ur l'équipe de Roumanie.

Propos recueillis par Clément Lefebvre (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Lundi 16 mai 2016

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 15 mai 2016, mis à jour le 15 mai 2016

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