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J’AI TESTÉ POUR VOUS – Les rues de Yangon en vélo

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 9 novembre 2016, mis à jour le 9 novembre 2016

Les "deux roues", motorisées ou pas, sont en quelque sorte une institution dans toute l'Asie.
Toute ? Non, une ville d'irréductibles birmans résiste encore et toujours au dit véhicule !

Les raisons à cela ne sont pas évidentes. La rumeur dit qu'il y aurait eu un bannissement des véhicules à deux roues pour des raisons de sécurité nationale mais la rumeur ne dit pas si le dit bannissement est toujours d'actualité. Ainsi donc on peut voir ici et là, des mobylettes, principalement montées par la police, des vélos auxquels ont été ajoutés des sièges pour embarquer des passagers et finalement quelques vélos dignes de ce nom.

Les règles concernant ces véhicules sont encore plus flexibles que pour les voitures. C'est heureux puisque dans la hiérarchie bitumesque, le deux roues est tout juste au dessus du piéton. Et encore, l'issue de la confrontation entre un "deux roues" et un "deux pieds" dépend énormément du contexte et de la rapidité d'exécution des parties impliquées. Dans ces conditions, le moins que puisse faire un vélocipède, c'est de se protéger. Le casque est en effet de rigueur, on notera cependant que cette rigueur semble s'appliquer bien plus à l'étranger qu'au local.

Un jour que nous avions poussé notre vélo jusqu'à Mandalay, nous vîmes avec joie des troupeaux de deux roues casqués, la protection n'est cependant que très rarement sanglée.... 

Le casque est obligatoire dans certains pays, c'est optionnel dans beaucoup d'autres, ici, c'est à la discrétion de l'utilisateur, mais soyons sincères, ne pas en mettre, c'est le même style de blague que quand votre chauffeur de taxi vous dit en rigolant "no need" lorsqu'il voit que vous essayez de mettre la ceinture de sécurité! Si si, le casque, la ceinture  c'est une question de sécurité. 

Mais alors, si notre sécurité nous importe tant, pourquoi la risquer sur une selle en liberté ?
C'est une question absolument valide. Nous avons fait, dans un précédent article, l'apologie de la marche  dans Yangon et avons décidé d'en faire de même avec le vélo, que nous pratiquons régulièrement.
Pourquoi ? Car marcher reste un loisir difficilement conciliable avec un quelconque travail et être bloqué dans un taxi reste un coûteux loisir difficilement conciliable avec une quelconque idée de ponctualité au travail. Nous nous sommes donc mis au vélo, casque en tête et sonnette à portée de la main.

Quel plaisir de slalomer entre les taxis, bus et voitures bloqués dans les embouteillages, quel plaisir de filer (à vitesse raisonnable) vers sa destination avec le sentiment d'honorer enfin les dieux de la ponctualité et de la bienséance. Et puis cela amuse plutôt les locaux de voir ainsi un étranger braver le danger (ou bien est-ce le casque ?) et cela participe donc à la bonne humeur  générale. Tout va bien, donc, dans le meilleur des mondes.  

Malheureusement, c'est là que s'arrête notre plaidoyer pour le vélo car il faut bien l'avouer, peu importe ce que nous vous dirons, que c'est bon pour la santé, pour acquérir des mollets galbés, pour arrêter de regarder sa montre avec anxiété ou son portable (parce que trop occupé à tenir votre guidon bien sûr), que même le bétel, à petite dose, est bon pour la peau (bon ça tâche alors il ne faut pas en abuser non plus? ou alors évitez les vêtements blancs pour les balades en vélo) etcetera etcetera ; la vérité est que toutes les bonnes choses que provoque le vélo sont annihilées irrémédiablement et systématiquement (oui oui, au moins) par un simple fait : le vélo fait transpirer. Et ça ne fait pas semblant. Il y a des techniques comme avoir deux tenues, une pour le vélo et une pour après le vélo, préparer une serviette pour s'essuyer, rouler doucement et utiliser la brise ainsi créer pour se rafraîchir. Oui, tout cela marche, plus ou moins, et après, on transpire. Alors il faut soit aller très doucement au point de finalement suivre la circulation, soit aller très doucement et s'essuyer avec une serviette, donner du temps à son organisme pour se refroidir et se changer.
Il faut donc un endroit tranquille pour se changer et surtout arriver en avance pour faire tout ça. Parce que dans tous les cas, le corps à besoin de temps pour retrouver son calme et arrêter de transpirer. Donc fatalement, après quelques balades en vélo, la question se pose : être à l'heure et dans un état pitoyable ou être en retard (ou carrément en avance si vous prenez le taxi vraiment tôt pour être sûr d'être à l'heure) mais présentable et "frais" dans vos mocassins.

La réponse est vite trouvée
Les vélocipèdes les plus gonflés tenteront de simplement rajouter une couche pour dissimuler "l'habit auréolé de vélo", t-shirt sous chemise par exemple... ça marche, mais assurez-vous que vous n'allez pas vous enfermer dans une pièce climatisée parce que la sueur qui gèle, c'est encore moins agréable que la sueur tout court et ça vous donne une petite odeur que peu de gens apprécient.

Du coup le vélo est parfait en tant que loisir, lorsque peu importe que vous soyez transpirant à l'autre bout du voyage mais alors, très probablement, être à l'heure n'a plus grande importance non plus... sans parler des risques de pluie...
Sébastien Lafont-Frugier (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Jeudi 10 Novembre 2016

 

 

 

lepetitjournal.com birmanie
Publié le 9 novembre 2016, mis à jour le 9 novembre 2016

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