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MYANMAR JOURNALISM INSTITUTE - Pas de liberté sans information de qualité

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 28 mars 2017, mis à jour le 28 mars 2017

Né en 2014 grâce notamment à l'aide de la France et pour répondre aux besoins d'information que la transition démocratique suscitée, le Myanmar Journalism Institute est devenu en 3 ans une référence nationale de la formation au journalisme.

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez le dire". C'est avec cette jolie phrase prêtée à Voltaire que Thierry Mathou, alors ambassadeur de France au Myanmar, a le 14 juillet 2014 inauguré les bâtiments de l'alors tout nouveau centre de formation de journalistes, le Myanmar Journalism Institute. Le ton était donné? même si la citation est apocryphe ! 

Fortement impulsé et soutenu par l'ambassade de France, le "Myanmar Journalism Institute" a pour objectif principal de "délivrer un enseignement du journalisme de qualité professionnelle - respect des règles d'éthique, de la neutralité, du pluralisme, méthodologie de l'investigation - en créant un pôle d'excellence pour l'enseignement du journalisme". Ce centre a été réclamé par le gouvernement de U Thein Sein, et notamment par celui qui fut son ministre de l'Information et le porte-parole du gouvernement, U Ye Htut. L'idée était que pour développer la liberté de la presse, il fallait concomitamment développer les capacités et savoir faire des journalistes, sans quoi les dérapages de tout bord allaient se multiplier.

Et puisqu'il s'agissait de liberté des médias, c'est tout naturellement vers la France que les regards birmans se sont tournés. Avec sa loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, l'hexagone dispose en effet de l'un des textes les plus ouverts qui soient sur la question? même si depuis d'autres lois sont venues limiter la portée du texte initial. Orchestrée essentiellement par Charles Bonhomme, l'actuel Conseiller de Coopération et d'Action Culturelle, l'aide s'est organisée pour que vive ce projet.

Sur le plan national, le MJI est depuis le 7 avril 2015 enregistré comme association. Sa gouvernance est assurée à travers un Conseil d'Administration (CA) de 9 membres, renouvelés lors de l'Assemblée Générale annuelle. Chaque membre est élu au sein d'une association ou d'une structure représentative du paysage médiatique birman, comme l'association des journalistes ou celle des femmes journalistes. Neuf associations derrière le MJI: neuf membres au CA.

L'institut ne cesse de grandir, se structurant progressivement, de déménagement en déménagement : en trois ans, trois déplacements pour répondre à la crise de croissance. Car il faut de l'espace pour accueillir sa quinzaine de permanents et la soixantaine d'étudiants qui y ont élu quasi-domicile.

Depuis juillet 2015, le MJI accueille en effet une promotion de 20 jeunes birmanes et birmans en formation initiale. Durant un an, ces étudiants en provenance de tout le pays vont apprendre les bases du journalisme, couvrant tous les secteurs des médias : écrit, radio, télévision, multimédia. Les cours abordent évidemment les questions d'éthique et de législation relative au journalisme. La formation continue s'achève avec une école d'été en immersion dans une ville autre que Yangon, durant laquelle l'ensemble des étudiants créent un magazine et des documentaires, présentés lors de la remise des diplômes. Ce programme d'immersion est une première et unique pour un centre de formation au journalisme au Myanmar.

Comme pour la plupart des étudiants birmans, la vie commune ne se limite pas au centre d'enseignement, s'y ajoute les chambres partagées, les repas collectifs et la plupart des activités réalisées tous ensembles. La structure MJI organise tout et l'année d'étude est payante et coûte 750 000 K. Un prix élevé pour le pays, même s'il ne couvre finalement presque rien des coûts réels. Soucieuse de garantir autant que possible la pluralité sociale, ethnique et de genre parmi les étudiants, l'ambassade de France a donc financé un programme de bourses prenant en charge la totalité des étudiants réguliers entre 2014 et 2016. Un volontarisme et un soutien que le MJI dit clairement avoir apprécié.

Outre l'aide de la France, l'école bénéficie d'autres bailleurs européens, comme les Allemands de la Deutsche Velle Akademie, les Danois de International Media Support, les Suédois de FoJo, ou de soutiens internationaux, comme l'Unesco. A eux tous, ils couvrent aujourd'hui de l'ordre de 70% des budgets, 30% provenant des divers clients que le MJI a su trouver dans sa quête de pérennité.

Car outre sa formation initiale, l'institut assure aussi une formation continue sous la houlette de son directeur des études, U Sein Win. A raison d'une semaine à mi-temps par mois, 30 professionnels ont bénéficié de ce programme entre 2014 et 2015 ; 15 autres le suivent actuellement. Par ailleurs, à travers des modules de formation de 5 jours, le MJI dispense des connaissances ciblées répondant aux besoins du pays et financées par diverses agences et ONG de développement. L'environnement est très présent, via de gros programmes de WWF ou UN-Habitat. Mais il existe aussi des formations à la couverture des élections, au Data journalisme, à l'enquête? 

Autant de cours qui sont donnés par des formateurs birmans, souvent en association avec un formateur étranger. Le MJI compte aujourd'hui 5 formateurs à plein temps, qui sont tous d'anciens journalistes ayant reçu une formation de formateur pendant 6 mois, une durée exceptionnelle pour ce genre de formation. Une bonne sélection, une bonne formation, et aujourd'hui la possibilité de mettre en pratique leur savoir-faire selon des normes internationales contribuent, à côté de leurs talents personnels, à l'extrême qualité de ces formateurs. Laquelle constitue aujourd'hui l'un des points forts du MJI, avec la qualité de son réseau et le dynamisme de sa direction.


Mercredi 29 Mars 2017 (www.lepetitjournal.com/Birmanie) E.G.

 

 

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Publié le 28 mars 2017, mis à jour le 28 mars 2017

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