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PORTRAIT - Charles Cambournac : la haute-couture de l’automobile

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 2 avril 2017, mis à jour le 2 avril 2017

Un positionnement haut de gamme, un nom aux sonorités allemandes représenté par une étoile à trois branches, nous sommes bien chez Mercedes Benz et tout comme l'univers de la haute-couture, le secteur automobile à ses pointures. Rencontre avec Charles Cambournac, manager de l'entreprise en Birmanie.

Le showroom sur Pyay road est spacieux, lumineux, luxueux, on pourrait lui appliquer tous les mots se terminant en EUX. "Il y a un showroom à Mandalay, un à Yangon et nous en construisons un troisième juste en face de celui-ci pour le replacer et répondre aux standards internationaux de la marque", lance Charles Cambournac, stoppant la rêverie. Un pantalon vert gazon s'élance dans le show room, lui donnant un coup de Peps sur son passage. Pour le reste, chemise noire, lunette rectangulaire, barbe de trois jours, le look est simple et l'allure naturelle. Rien à voir avec le costume tiré à quatre épingles, les chaussures vernis et le ton snob que nous redoutions. "J'ai été recruté pour rejoindre le Myanmar en avril 2015", indique l'homme en professionnel avant de nous lister les pays où il a exercé son métier : "j'ai toujours travaillé à l'étranger : En Allemagne, en Algérie, en Tanzanie et au Cambodge, la Réunion ça compte ?", s'amuse le quadragénaire. Cette odyssée humaine interpelle, pourquoi ? "L'expatriation n'était pas un but en soi cela reste avant tout des opportunité mais aussi un projet familial", explique le père de famille. Avant de se lancer à l'international, Charles a étudié dans une école d'ingénieur à Grenoble ET en Allemagne. L'Allemagne, il y a vécu avec ses parents plus jeune et c'est dans ce pays qu'il décrochera son premier emploi, pour BMW. Un astrologue lui avait-il annoncé qu'il travaillerait pour un constructeur automobile allemand ? Aujourd'hui, l'homme qui "roule en Mercedes", dirige des opérations pour le groupe Jardine Cycle & Carriage. "Mon boulot c'est développer le côté commercial, marketing. Construire un réseau en trouvant des partenaires", indique le salarié. 

Le marché automobile birman
Cycle & Carriage s'est implanté en 2013 en Birmanie et malgré la construction de son troisième point de vente, à entendre Charles Cambournac, le marché automobile est au ralenti. "Il y a beaucoup de restrictions législatives qui freinent le développement commercial. Le 1er avril par exemple, la SGT (special good tax) augmentera de 5 à 25% soit un impact de 10 à 14% du prix". Une seconde contrainte, plus ancienne celle-ci, concerne la traçabilité de ses ressources. "L'acheteur doit prouver que l'argent qu'il va utiliser pour acquérir un véhicule a été imposé", informe-t-il. Et ce n'est pas fini, les véhicules particuliers ou les véhicules de moins de cinq tonnes à vide ne peuvent être vendus qu'à des personnes qui possèdent un "parking permit", soit la preuve pour le gouvernement que le véhicule à une place de stationnement prévu à son égard. "Il y a aussi des mesures positives, du moins il y en a une", reprend le concessionnaire, avant d'ajouter, "les véhicules âgés de moins de trois ans doivent désormais avoir le volant à gauche". Ce n'est pas que pour Charles, conduire avec un volant à droite pose un problème technique mais "au niveau de la sécurité, c'est une avancée fondamentale".  Mercedes-Benz a une clientèle d'un certain niveau qui ne sont pas concernés par le financement de leur véhicule ; sur ce point rien de nouveau mais Charles veut atténuer le cliché : "je pense à la classe moyenne qui est entrain d'émerger, elle a besoin que le gouvernement propose des financements pour développer le pouvoir d'achat". Sa proposition est la suivante: "Si les comptes en Kyats ne sont plus rémunérés à hauteur de 8%/an, alors le coût de l'argent sera moins élevé. Il faut par ailleurs que l'État accorde des licences financières". Il faut savoir qu'en Birmanie, l'industrie automobile est un des secteurs les plus taxés. "On est une source de revenue importante pour l'État, si ce dernier veut continuer à en profiter il faut agir et se poser les bonnes questions économiques", déclare l'homme d'affaire. 

La Birmanie avec une croissance de 7%, se développe considérablement et les chantiers fleurissent un peu partout c'est pourquoi, les ventes des véhicules poids lourds s'en sortent mieux. "Même s'il y a encore des progrès à faire en terme de construction de route ou de temps de transports, des projets d'infrastructures se développent, ce qui favorise les ventes poids lourds et donc de Fuso du groupe Daimler", relativise-t-il.  

Depuis trois ans Mercedes-Benz est numéro 1 dans le marché premium en Birmanie et il entend bien le rester. La récente arrivée de Volvo est vu comme un nouveau défi à relever : "nous voulons rester le leader mais aussi devenir un acteur dynamique du marché en développant la formation de nos staff locaux, en assurant l'avenir avec des projets de formation techniques à long terme?".  Homme de terrain et de prospective, Charles est un vrai professionnel dans la conduite de politique de développement commercial dans le secteur automobile et dans la conduite tout court.  
Lundi 3 Avril 2017 (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Pauline Autin

 

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Publié le 2 avril 2017, mis à jour le 2 avril 2017

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