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UN ETE EN CATALOGNE - Petite histoire de l’espadrille catalane

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 5 août 2014, mis à jour le 9 janvier 2018

En plein c?ur de Figueras, à quelques kilomètres de la frontière française, Montserrat Mauné est la dépositaire d'une mémoire familiale et artisanale précieuse. Une histoire d'espadrilleurs catalans, qui ont su transmettre, en six générations, un savoir-faire aujourd'hui en perdition

Montserrat Mauné, sixième génération d'espadrilleurs à Gérone. (Photo : LPJ)

"En faisant mes recherches, je suis remontée à six générations, en 1859", confie Montserrat Mauné, héritière de Florenci Marimont, fondateur de l'atelier "Chez Florenci Espadrilleur". Elle a grandi au milieu des cordes, du sparte, du chanvre et de l'alfa, matériaux privilégiés du métier d'espadrilleur, apparu en tant que tel autour de 1890. L'alpargatero (ou espadrilleur) s'occupait exclusivement de la semelle de corde, et les couturières, de la toile et des rubans. "Chaussure de paysan à l'origine, l'espadrille fut portée par les troupes légères de la couronne catalano-aragonaise, et, en 1964, imposée par décret royal à l'infanterie espagnole", explique-t-elle aujourd'hui sur son site internet.
A chaque région sa forme spécifique. Celles de l'Empordà sont blanches et ornées de cinq rangées de ruban sur le dessus du pied. "Ce sont celles que l'on vendait à Salvador Dali", précise-t-elle, non sans fierté. Quant au célèbre modèle de toile blanche unie, il chausse les pieds des danseurs de Sardanes.
Pendant les années 40, quand le métier était encore florissant, Carles Mauné, le grand-père de Montserrat, allait courir de porte en porte, de village en village, pour vendre ses espadrilles ou les échanger contre de la farine ou ce qu'on pouvait lui offrir.

Une tradition en perdition
Depuis la fin des années 60, tout a bien changé dans le petit monde de l'espadrille, de même que dans la boutique des descendants de Florenci. Ceux-ci ont abandonné l'artisanat pour se consacrer entièrement au commerce. Et le magasin à l'ancienne a fait place à une boutique plus moderne, offrant un choix de chaussures de tous les styles. Dans un coin, tout de même, subsiste un étalage d'espadrilles, toujours cousues main. Mais les artisans se font de plus en plus rares, et le marché, bien sûr, s'amenuise. "La fabrication artisanale coûte désormais trop cher", explique Montserrat Mauné, "et l'on ne trouve plus de couturières à vouloir travailler autant pour si peu".
Ses cinq fournisseurs lui garantissent un travail à la main pour la couture, mais pas pour les semelles, fabriquées désormais plus rapidement industriellement.
C'est ainsi, les alpargateros n'existent plus, sinon sur les vieilles photos sépia gardées précieusement au fond des tiroirs catalans. Quelques unes sont d'ailleurs visibles actuellement au musée de l'Empordà, à Figueras, qui consacre une exposition aux commerces centenaires de la ville de Dali.

Victoria DARVES BORNOZ (www.lepetitjournal.com Barcelone) 26 juillet 2005
(Rediffusion mercredi 6 août 2014)

Infos pratiques :
Etablissement Mauné Sabaters, Lausaca 15, 17 600 Figueras. www.maunesabaters.com
Museu Empordà, Rambla 2 17 600 Figueres, http://www.museuemporda.org/me.html, T 972 502 305

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Publié le 5 août 2014, mis à jour le 9 janvier 2018

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