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ZOHRA NAFAA - "Notre association a besoin de dons pour aider les enfants malades en Algérie"

Écrit par Lepetitjournal Alger
Publié le 20 janvier 2015, mis à jour le 21 janvier 2015

Fondatrice et présidente de l'association humanitaire et médicale d'aide aux plus démunis au Maghreb ?'Tendre la main'', créée en 2002 en France, Zohra Nafaa revient dans cet entretien sur son parcours dans l'action humanitaire et surtout le rôle que joue son association en matière d'aide médicale au profit des enfants issus des familles démunies.

Lepetitjournal.com- Alger : Comment vous est venue l'idée de vous engager dans l'humanitaire et la création d'une association?

Zohra Nafaa: La première fois que j'ai commencé le travail humanitaire, c'était en 1999. Tout a débuté lorsque j'ai entendu un appel lancé par l'association VPH sur les ondes de Radio Beur en France pour prendre en charge une femme venant d'Algérie qui accompagnait sa fille de deux ans pour des soins à l'hôpital Robert Debré. C'était le mois de Ramadhan. J'ai pris donc contact avec cette association, je ramenais à manger à cette femme durant tout le mois sacré. C'était à partir de cette action que j'ai décidé de m'engager dans ce combat. J'ai alors adhéré à cette association. Notre mission était de rendre visite aux malades qui venaient d'Algérie par leurs propres moyens ou envoyés par la Caisse nationale de la sécurité sociale (Cnas).J'ai continué à travailler au sein de cette association jusqu'à 2002. Au cours de cette année-là, alors que j'étais en visite en Algérie, je m'étais rendu au service des cancéreux (Cpmc) au CHU Mustapha Pacha à Alger. J'étais très touchée de voir ces malades atteints du cancer. À mon retour en France, j'avais pris la décision de créer l'association Tendre la main d'aide aux plus démunis au Maghreb.

L'association fait venir depuis 2012 des médecins français bénévoles pour soigner des enfants à l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) de Ben Aknoun à Alger. Pourquoi une telle initiative?

La première année, on a commencé par des actions d'aide en Algérie, notamment par acheter des affaires scolaires pour des écoliers, les couffins du ramadan pour les familles démunies, etc. Cela s'est poursuivi jusqu'en 2006. L'association s'est engagée ensuite dans l'aide médicale au profit des enfants malades issus des familles défavorisées. J'ai eu l'autorisation de l'assistance publique et des conventions ont été signées avec plusieurs hôpitaux français pour se rendre au chevet des malades venant des pays du Maghreb. À cette époque-là, il y avait plusieurs malades algériens qui se soignaient en France. L'association Tendre la main faisait l'intermédiaire entre le malade, la famille et les médecins. J'ai pu visiter plus de 600 personnes malades, et beaucoup d'entre eux sont retournés au pays dans des cercueils. Voir ces personnes qui ont tout vendu pour qu'à la fin meurent loin de chez eux, m'a bouleversé. J'ai pensé ensuite à une autre forme d'aide en faveur du malade en Algérie. Au lieu d'aller en France, c'est le médecin qui vient le soigner ici. Pour concrétiser tout ça, on a crée une association éponyme en Algérie, en 2012. Une initiative a été prise avec le Pr Alain Gilbert, une sommité dans la chirurgie du plexus brachial en France et dans le monde, et son équipe médicale dont des spécialistes dans la chirurgie de la main. Le projet a marché. Cela a permis aux médecins algériens au niveau de l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) de Ben Aknoun à Alger, d'en profiter de l'expérience de cette équipe médicale. On a entamé le projet par des conférences animées par le Pr Alain Gilbert. Puis l'équipe faisait des consultations et des interventions chirurgicales. En tout, 550 consultations et 63 interventions chirurgicales ont été effectuées par cette équipe depuis novembre 2012. La prochaine visite de l'équipe médicale du professeur Alain Gilbert à l'EHS de ben Aknoun est prévue pour le 06 février prochain.

Pouvez-vous vous expliquer davantage  sur l'aide médicale apportée par votre association aux enfants ?

L'association ?'Tendre la main'' assure l'aide aux enfants et adultes en matière de médicaments qui ne sont pas disponibles sur le marché national. Je m'investis aussi pour venir en aide aux enfants atteints de la tyrosinémie, une maladie rare. En Algérie, on compte une quarantaine de cas. Ces enfants il leur faut une diète spécifique qu'on ne trouve pas en Algérie et qui coûte extrêmement chère quand on l'achète à l'étranger. Une boite de lait coûte 60 euro. Depuis 2012, l'association a dépensé plus de 2500 euro pour la diète de ces enfants. On prend en charge également les médicaments et le matériel médical pour les brûlés. Les familles démunies ne peuvent payer un masque à 40 000 DA ou des gants à 15000 DA. Il s'agit de notre mission principale. C'est pour cette raison que notre association s'est engagée pour leur fournir gratuitement tout ce dont ils ont besoin. Nous avons aidé des dizaines d'enfants issus des familles défavorisées à travers plusieurs wilayas du pays.

Comment se fait la collecte des fonds avec lesquels vous financez toutes ces actions ?

Je tiens d'abord à remercier nos donateurs algériens et musulmans en France. 98 % de ceux qui font des dons à l'association sont des Algériens. Il y a même des donateurs d'autres communautés musulmanes établies en France, notamment des Marocains, des Tunisiens, etc. Avec tout l'argent que nous collectons, nous couvrons les frais des médicaments, les billets et l'hébergement de l'équipe médicale quand elle se rend en Algérie. Aussi, depuis 2004, l'association loue un stand au parc des expositions de Bourget pour vendre des gâteaux traditionnels algériens, de différents objets, etc. Grâce aux recettes qu'on fait lors de ces foires, on arrive à aider beaucoup d'enfants en Algérie. Plusieurs bénévoles nous donnent un coup de main pour réaliser ce travail. Tout le monde y participe. Je dois avouer que c'est grâce aux donateurs et bienfaiteurs algériens établis en France que l'association continue à travailler jusqu'à aujourd'hui. Quant à la subvention de l'Etat, je ne l'ai jamais demandée, ni en France ni en Algérie.

Un appel à lancer aux bienfaiteurs et donateurs?

Je souhaite de tout c?ur trouver en Algérie des bienfaiteurs qui ont le même élan de générosité qu'en France. Parce que s'il n'y a pas de dons, l'association ne pourra pas accomplir sa mission comme il se doit. L'argent qu'on collecte en France sert à couvrir les frais des médicaments et le matériel médical qui sont introuvables en Algérie. Je dois dire que l'association que j'ai crée en 2012 en Algérie n'a pas réussi à collecter le moindre sou. Malgré cela, nous continuons à travailler comme avant, c'est-à-dire, on cherche des dons en France pour financer des actions humanitaires ici. Il faut souligner qu'aujourd'hui nous nous retrouvons face à une situation qui nous oblige à travailler davantage et sans relâche. On reçoit chaque jour des malades qui nous sollicitent pour leur payer les analyses médicales, des intervenions chirurgicales, l'IRM, etc. Je ne veux pas me trouver dans une situation où je dois dire à un malade que, faute d'argent, on ne peut pas l'aider.

Propos recueillis par A.Massinissa (www.lepetitjournal.com/alger) Mardi 20 janvier 2015

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Publié le 20 janvier 2015, mis à jour le 21 janvier 2015

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